Des manifestants prodémocratie affrontaient lundi à Hong Kong des dizaines d'hommes masqués sur le principal site de la protestation où la police avait auparavant enlevé une partie des barricades érigées depuis deux semaines.
Les heurts se sont produits au milieu d'une large avenue occupée, lorsque des hommes déterminés, portant des masques chirurgicaux pour ne pas être identifiés, ont tenté de forcer et de démanteler les barrages mis en place par les manifestants à Admiralty, quartier des ministères.
Deux assaillants ont été plaqués au sol par des policiers qui ont aussi formé un cordon pour contenir les autres, conspués par les manifestants aux cris de "Arrêtez les triades", en référence aux hommes de main de la mafia chinoise soupçonnés d'avoir provoqué des violences sur les sites occupés.
La télévision, qui émet en direct, a montré les images d'un homme contraint par les policiers de lâcher un petit couteau à cran d'arrêt.
Des chauffeurs de taxi excédés par la paralysie de plusieurs artères vitales ont ajouté au concert de récriminations en actionnant leurs avertisseurs et en invectivant les manifestants. "On n'en peut plus", ont écrit certains sur leurs véhicules. Des engins de levage ont également été acheminés sur le site pour enlever les barricades, a rapporté un photographe de l'AFP.
Ces incidents surviennent quelques heures après que des centaines de policiers eurent dégagé certaines voies de circulation à Admiralty et dans le quartier commerçant de Mongkok, sur la partie continentale de Hong Kong, profitant du fait que peu de manifestants avaient passé la nuit sur place.
Un communiqué de la police relayé par mégaphone sur les sites a appelé les protestataires à "ne pas faire obstruction (), à enlever sans délai les obstacles bloquant les routes et à partir dans l'ordre et le calme".
Les policiers ne portaient pas leurs équipements antiémeute. Le chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, avait indiqué que si le gouvernement entreprenait de dégager les sites occupés, la police ne "ferait qu'un emploi limité de la force".
- Aucune chance de convaincre Pékin -
Certains manifestants répondaient aux mouvements des forces de l'ordre en agitant des parapluies, un accessoire indispensable à Hong Kong pour se protéger du soleil ou de la pluie, et devenu l'emblème de ces manifestations.
"Je suis en colère parce que () la police ne (devrait pas être) notre ennemie mais notre alliée", lançait Kim Kwan, une étudiante de 21 ans.
Malgré les nombreuses injonctions des autorités de se disperser, les manifestants se sont installés dans la durée, en montant des tentes, des douches mobiles ou en organisant des soirées de débats, attirant des milliers de personnes ces derniers jours.
"Nous n'allons rien faire contre la police () nous voulons juste tenir nos postes avancés", assurait Annabel Wong. "C'est la dernière ligne de défense du peuple près des bâtiments du gouvernement. Je suis prête à me faire arrêter", a lancé cette étudiante de 22 ans.
Les manifestants, dont une majorité d'étudiants, occupent plusieurs quartiers et artères stratégiques de l'ancienne colonie britannique, plongée dans sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Bravant la tutelle chinoise, ils exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC), craignant une contagion revendicative sur son territoire, entend garder la haute main sur le processus électoral.
En août, le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP - Parlement) a entériné le principe "un vote, une voix" tout en conservant le contrôle des candidatures au scrutin.
Les blocages en place depuis le 28 septembre ont fortement perturbé l'activité à Hong Kong et la vie quotidienne des plus de sept millions d'habitants de ce territoire semi-autonome enclavé à l'extrême sud de la Chine.
Dimanche, Leung Chun-ying, considéré comme une marionnette de Pékin par les manifestants, a déclaré à la télévision qu'ils n'avaient "presque aucune chance" d'infléchir la position de la Chine, les exhortant une fois de plus à rentrer chez eux.
Les autorités chinoises ont arrêté des dizaines de personnes soupçonnées d'avoir apporté leur soutien au "mouvement des parapluies" sur les réseaux sociaux ou d'avoir participé aux manifestations.
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