Les Bosniens ont voté dimanche pour élire leurs dirigeants dans un contexte de crise économique, de fronde sociale et de rhétorique nationaliste qui mine tout espoir de redressement de leur pays et de rapprochement avec l'Union européenne.
Près de 3,3 millions d'électeurs étaient appelés à choisir, pour un mandat de quatre ans, les trois membres (serbe, croate et musulman) de la présidence collégiale de la Bosnie, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, et à renouveler le Parlement central de cette ex-république yougoslave.
Ils devaient en outre élire les assemblées des deux entités territoriales qui la composent, la Republika Srpska (RS, serbe) et la Fédération croato-musulmane, les habitants de la RS devant, quant à eux, également désigner leur propre président.
L'accord de paix de Dayton (États-Unis) qui a mis un terme il y a une vingtaine d'années à la guerre dans laquelle se sont affrontées les principales communautés (musulmane, serbe et croate) et ayant fait environ 100.000 morts, a en effet consacré la division de la Bosnie en ces deux entités, chacune avec un niveau élevé d'autonomie et unies par des faibles institutions centrales.
Les bureaux de vote ont fermé à 17H00 GMT. Selon les dernières données disponibles, à 13H00 GMT, le taux de participation était de 36,6%, légèrement supérieur par rapport aux précédentes élections générales à la même heure.
Les premiers résultats officiels sont attendus vers 22H00 GMT.
Nadja Kadric, une bibliothécaire quinquagénaire, a dit espérer les jeunes auront été "très nombreux" à voter et qu'ils ont été "assez courageux pour choisir ceux qui n'ont jamais été au pouvoir".
En Bosnie, "la crise sociale est de plus en plus profonde et le nombre des chômeurs augmente. Toutes les conditions pour une explosion sociale sont réunies", a, de son côté, fait valoir l'analyste politique Enver Kazaz. "Quels que soient ceux qui prendront le pouvoir, ils pourraient être très vite confrontés à un énorme mécontentement social", a-t-il mis en garde.
La Bosnie, dont 18% des 3,8 millions d'habitants vivent dans une pauvreté extrême, a été secouée en février par une vague de manifestations contre la pauvreté et la corruption, sans précédent depuis la fin de la guerre.
Dans ce pays où le chômage touche environ 44% de la population active, le salaire mensuel moyen est de 415 euros et les autorités tablent pour 2014 sur une croissance économique inférieure à 1%.
- Rhétorique nationaliste ravivée -
Outre les problèmes économiques, la Bosnie s'est retrouvée à la traîne dans les Balkans en termes de rapprochement avec l'Union européenne à cause de permanentes querelles politiciennes interethniques.
Malgré les pressions de la communauté internationale, aucune réforme importante requise par Bruxelles n'a été récemment faite.
L'UE veut notamment que la Bosnie révise sa Constitution, qualifiée en 2009 de discriminatoire à l'égard des communautés juive et rom par la Cour européenne des droits de l'homme. Bruxelles en a fait une condition pour permettre à ce pays de demander officiellement le statut de candidat à l'adhésion.
Au plan intérieur, le différend porte essentiellement sur le refus des Serbes d'accepter le renforcement des institutions de l?État central, souhaité par les musulmans.
Comme tous les quatre ans, lorsque ces scrutins approchent, les nationalistes serbes ont multiplié les menaces de sécession de la RS.
"Mon objectif est de transformer notre entité en un État !", avait martelé avant ce scrutin, le président sortant de l'entité serbe, Milorad Dodik, qui brigue un second mandat.
De son côté, le leader nationaliste musulman Bakir Izetbegovic, qui, pour sa part, cherche à obtenir un deuxième et dernier mandat au sein de la présidence collégiale de la Bosnie, "espère que le peuple va élire une équipe de dirigeants mûrs () capables de sortir de l'impasse actuelle dans laquelle sont bloquées notre intégration à l'UE et à l'Otan ainsi que les réformes, et qui vont s'employer à sortir ce pays du marasme économique".
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