Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a lancé dimanche un appel ferme aux Israéliens et Palestiniens à reprendre leurs négociations de paix, lors d'une conférence des donateurs internationaux pour la reconstruction de la bande de Gaza ravagée par la guerre cet été.
La guerre de 50 jours en juillet et août a fait plus de 2.100 morts dans l'enclave palestinienne --essentiellement des civils-- et 73 côté israélien, des soldats pour la quasi-totalité. La petite bande de territoire palestinien soumise à un blocus hermétique d'Israël ces huit dernières années, a subi d'importantes destructions.
Des pourparlers indirects pour un cessez-le-feu durable à Gaza piétinent, après ce nouvel avatar sanglant d'un conflit israélo-palestinien qui dure depuis près de sept décennies.
"Un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix. Nous devons nous rasseoir à la table (des négociations) et aider les parties à faire des choix difficiles, de vrais choix", a lancé dimanche au Caire John Kerry, qui avait impulsé de nouvelles négociations de paix avant leur échec en avril dernier.
"Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix, même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël et un Etat et leur dignité pour les Palestiniens", a lancé le chef de la diplomatie américaine dans un vibrant appel au Caire devant une trentaine d'autres chefs de la diplomatie et représentants d'une cinquantaine de pays et organisations internationales.
"Gaza reste une poudrière, les habitants y ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne" de ces nouvelles promesses financières de la communauté internationale, a averti pour sa part le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon dans son discours.
"En 2009, la communauté internationale s'était déjà réunie" en Egypte pour la reconstruction de Gaza --dévastée par trois guerre ces six dernières années--, a rappelé M. Ban. "Nous avions promis notre soutien et nous étions convenus de reconstruire et, aujourd'hui, nous sommes à nouveau ici (), le cycle construction-destructions se poursuit, il empire", a-t-il regretté.
"Nous avons besoin d'une nouvelle solution pour établir un état palestinien avec Jérusalem-est pour capitale", a également réaffirmé à la tribune le président palestinien Mahmoud Abbas, pressant la "communauté internationale de faire le maximum pour fixer une limite dans le temps afin de mettre un terme à l'occupation (israélienne, ndlr) et entamer des négociations sérieuses".
Mais la perspective d'une relance des négociations a été fraîchement accueillie par le ministre des Affaires étrangères d'Israël, qui n'a pas été invité au Caire.
"Il faut voir dans quel cadre et sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne portent que sur les exigences palestiniennes alors c'est peine perdu", a tranché Avigdor Lieberman, dans un entretien à un site d'information.
- Gaza est à genoux -
La bande de Gaza est à genoux après trois guerres en six ans et un blocus israélien de huit ans.
Quelque 100.000 Palestiniens se retrouvent sans abri dans cette bande de territoire exigu et surpeuplé, où 45% de la population active était au chômage avant même cette guerre, dernier avatar d'une crise israélo-palestinienne qui dure depuis près de sept décennies.
L'Autorité palestinienne a présenté un projet de reconstruction de Gaza de 76 pages, pour un montant de quatre milliards de dollars dont la plus grande partie est affectée à la construction de logements.
Le PIB de l'enclave devrait s'effondrer de 20% au cours des neuf premiers mois de 2014 par rapport à 2013. Mais, si le besoin d'argent est énorme, les motifs de réticence sont considérables.
La conférence pourrait produire un montant de promesses élevé, mais "un certain pessimisme est de rigueur, les gens en ont assez de payer sans horizon politique", affirmait récemment un diplomate sous couvert d'anonymat.
En fin de matinée, les Etats-Unis étaient les seuls à avoir pris un engagement pour verser "une aide immédiate" de 212 millions de dollars. Avec cette somme, les Etats-Unis auront contribué au total à la reconstruction de Gaza pour un montant de 330 millions de dollars depuis l'été et de 400 millions en un an, selon M. Kerry.
Une grande partie de la communauté internationale espère pouvoir miser à terme sur une plus grande stabilité politique à Gaza avec la réconciliation récente entre l'Autorité palestinienne, dominée par le parti nationaliste Fatah de Mahmoud Abbas, et le Hamas, qui contrôle l'enclave mais est considéré comme un mouvement terroriste par Israël, les Etats-Unis et certains pays européens.
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