L?exécutif fait face à de nouveaux tourments: Emmanuel Macron a semé la stupeur au PS en demandant dimanche une réforme de l'assurance chômage, et son dernier allié, le Parti Radical de Gauche, se fait menaçant.
Les déclarations du ministre de l'Economie, pour qui il ne devrait "pas y avoir de tabou ni de posture" sur l'assurance chômage ont fait l'effet d'une bombe auprès des responsables socialistes réunis en Conseil national, alors que François Hollande semblait avoir lui-même clos ce chapitre délicat.
Le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a réagi sèchement : "La gauche n'a pas de tabous, mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s'exprime, les ministres appliquent".
Est-ce une fin de non recevoir à ce chantier? "Absolument", a tranché M. Cambadélis, à son arrivée à la Mutualité à Paris.
Il répliquait à M. Macron qui, dans un entretien au Journal du Dimanche, a jugé qu'il ne devait "pas y avoir de tabou ni de posture" sur ce thème, en plein débat à gauche sur l'opportunité de réviser le montant et la durée des allocations.
Pourtant, trois jours auparavant, le chef de l'Etat avait jugé, à propos d'une éventuelle réforme de l'assurance-chômage, qu'il y avait "suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l'emploi".
Ce qui a été vu comme un recadrage du Premier ministre Manuel Valls, qui aurait dit à des journalistes britanniques, lundi à Londres, que la question du montant et de la durée de l'indemnisation chômage en France devait "être reposée". Un peu plus tard, M. Valls s'était pourtant montré beaucoup plus prudent devant la presse française.
Les réactions les plus virulentes aux déclarations du jeune ministre (épinglé naguère pour avoir parlé de travailleurs illettrés) émanaient sans surprise de l'aile gauche du PS.
"Comme d'habitude, nous sommes en régression. C'est-à-dire que nous commençons à considérer que les solutions de l'adversaire, (celles de) la droite, sont les solutions qui doivent être opérées par la gauche", s'est exaspéré le député européen Guillaume Balas.
- 'Un nouveau couac' -
"C'est une nouvelle provocation, ou une nouvelle boulette ou un nouveau couac. Et c'est regrettable", a tancé Emmanuel Maurel, de "Maintenant la gauche", l'une des deux sensibilités de l'aile gauche socialiste.
"Il y a mieux à faire que de pointer du doigt la responsabilité individuelle des chômeurs", a taclé le frondeur Laurent Baumel.
Claude Bartolone a voulu ramener le "calme". "J'appelle tous les membres du gouvernement, tous les responsables politiques (à) faire attention lorsqu'il y a une mesure d'annoncée", a dit le président de l'Assemblée nationale. "Les annonces fantasmes, je me méfie, lorsqu'il y a une proposition qui est mise sur la table et qui, d'un seul coup, engendre de l'inquiétude dans un pays déjà très inquiet", qui se demande "ce qu'on va enlever".
"Trop souvent, ce qui provoque des crispations, c'est qu'on ne donne pas un sens global à l'ensemble des réformes que l'on veut mener", a critiqué l'ex-ministre Dominique Bertinotti.
"Il (Emmanuel Macron) le dit clairement dans le JDD. Ce n'est pas dans l'abaissement des droits mais en levant des blocages qu'on pourra régler toute une série de questions", "si l'idée, c'est abaisser les droits, le PS en sera pas", a averti Christophe Borgel, du Bureau national du PS.
Mais les périls pour MM. Hollande et Valls se sont aussi précisés à l'extérieur du PS : son dernier allié, le PRG - dont le président Jean-Michel Baylet a été battu aux sénatoriales - va lui soumettre un long et précis pacte de gouvernement, auquel il conditionne le maintien de son soutien.
Les radicaux de gauche, qui ont trois ministres, y multiplient les demandes de retrait d'annonces fortes et récentes comme la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu ou les mesures d'économie de la politique familiale. L'avertissement intervient trois jours avant le début de la complexe discussion du budget pour 2015.
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