La première malade d'Ebola contaminée hors d'Afrique a donné des signes d'amélioration samedi à Madrid après un traitement expérimental alors que les Etats s'efforcent d'enrayer une épidémie qui "empire de jour en jour" selon l'ONU.
Teresa Romero, une aide soignante de 44 ans, "va mieux qu'hier. Son état s'est amélioré dans la nuit. Elle est consciente, elle parle de temps en temps quand elle est de bonne humeur", a déclaré une source hospitalière sous le couvert de l'anonymat. Son état "s'améliore mais reste grave", a-t-elle ajouté.
La madrilène de 44 ans a reçu vendredi soir une dose du médicament expérimental Zmapp, selon la même source. Il n'existe pas de traitement pour la fièvre hémorragique d'Ebola mais le Zmapp, développé par une compagnie californienne, est l'un des médicaments expérimentaux qui ont été essayés pour enrayer l'épidémie.
Première à être contaminée hors d'Afrique, apparemment en soignant un missionnaire mort fin septembre à Madrid, la jeune femme est à ce jour le seul cas d'Ebola confirmé en Espagne.
Seize autres personnes, dont son mari, sont hospitalisées par précaution dans le même hôpital madrilène, mais aucune ne présente de symptômes de la maladie.
L'épidémie partie de Guinée fin décembre 2013 avait fait 4.033 morts au 8 octobre, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au total, 8.399 personnes ont été infectées dans sept pays.
Aux Nations Unies à New York, le chef de la mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola (UNMEER), créée il y a deux semaines, a souligné l'urgence de la crise. "Le temps joue contre nous. Le virus est plus rapide que nous et la situation empire de jour en jour", a déclaré vendredi Anthony Banbury.
"Nous avons un temps de retard mais il est encore temps pour nous battre et gagner la bataille", a-t-il cependant ajouté. Il a insisté sur la prévention et la préparation dans les pays qui ne sont pas encore touchés par l'épidémie.
En Europe comme sur le continent américain, les Etats annoncent les uns après les autres un renforcement des contrôles aux frontières pour les voyageurs provenant des pays les plus touchés par l'épidémie: Guinée, Liberia et Sierra Leone.
Aux Etats-Unis, les contrôles devaient commencer samedi à l'aéroport J.F. Kennedy de New York. Même chose au Canada, qui a même conseillé à ses ressortissants de quitter ces pays "tant que des vols commerciaux sont encore disponibles".
Le Royaume-Uni organisait samedi un exercice de grande ampleur, impliquant des centaines de personnes, y compris des ministres, pour tester la capacité du pays à faire face à l'apparition de cas d'Ebola sur son territoire.
L'inquiétude a gagné l'Amérique latine, mais le Brésil a été soulagé d'apprendre samedi qu'un Guinéen de 47 ans mis en quarantaine n'était finalement pas porteur du virus d'Ebola. Deux pays voisins, le Pérou et l'Uruguay ont annoncé une plus grande vigilance dans les ports et les aéroports.
Le Mexique et le Nicaragua veulent aussi tenter de contrôler les migrants qui essaient par milliers de gagner les Etats-Unis.
Le monde du sport est également affecté. Le gouvernement marocain a demandé vendredi le report de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2015), prévue du 17 janvier au 8 février dans le royaume, en raison de l'épidémie. Mais la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé samedi qu'elle maintenait les dates de la compétition.
- Fausses alertes et rumeurs -
Le premier cas de contagion hors d'Afrique, et le décès mercredi d'un patient sur le sol des Etats-Unis, ont donné une dimension planétaire à l'angoisse: rumeurs et fausses alertes se sont multipliées ces derniers jours.
Les autorités mettent en garde contre les canulars qui pourraient provoquer la panique, comme celui d'un passager débarqué par une équipe médicale d'un vol intérieur aux Etats-Unis, qui avait éternué et crié: "J'ai l'Ebola. Vous êtes tous foutus".
A Cadiz, dans le sud de l'Espagne, la police a annoncé avoir arrêté dans la nuit de vendredi à samedi un homme qui avait appelé les services de santé en affirmant revenir de Sierra Leone et présenter des symptomes d'Ebola.
L'Espagne lutte contre la diffusion sur les réseaux sociaux de pages de sites de médias trafiquées, annonçant de nouveaux cas de contamination. Madrid a mis en place un numéro de téléphone vert pour informer le public, comme la France où il devait entrer en service samedi.
Critiqué pour sa gestion de la crise, le gouvernement espagnol a formé un comité spécial interministériel qui a tenu samedi sa deuxième réunion. Les services du premier ministre Mariano Rajoy ont repris en main la communication, pour tenter de rassurer la population.
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