Un cas de "dangerosité majeure", selon la cour d'assises d'appel de Riom (Puy-de-Dôme): Matthieu, 20 ans, a de nouveau été condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et l'assassinat d'Agnès Marin, 13 ans, retrouvée brûlée en 2011 en Haute-Loire.
Après plus de six heures de délibéré, les jurés ont suivi le réquisitoire des avocats généraux Joëlle Bocchino et Loïc Erygnac, qui avaient réclamé la perpétuité, rarissime pour le mineur que l'accusé était au moment des faits. Selon son président, Noël Picco, la cour "a retenu la dangerosité majeure de l'accusé", qui a déclaré au cours de ce procès à huis clos "avoir développé une obsession" envers Agnès.
En cas de libération anticipée, possible après 18 ans pour un mineur, Matthieu devra se plier à un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins, sous peine de passer sept ans de plus derrière les barreaux. La condamnation à perpétuité prononcée en première instance au Puy-en-Velay, en juin 2013, ne prévoyait pas d'injonction de soins. Les failles d'un premier suivi socio-judiciaire de l'accusé ont été dénoncées depuis le début de l'affaire.
La défense a confirmé après le verdict qu'elle se pourvoirait en cassation.
"On ne peut pas à la fois reconnaître une altération du comportement, du discernement comme l'a fait l'avocate générale, comme c'est établi par les expertises, et n'en tirer aucune conséquence sur la peine, ce n'est pas pensable", avait déclaré Me Isabelle Mimran après sa plaidoirie vendredi matin.
"La perpétuité, c'est l'exclusion, c'est l'anéantissement de l'être humain. On vous dit qu'il sortira un jour. Quand, un jour? Vous croyez qu'un collège d'experts psychiatres ou de professionnels judiciaires le laisseront sortir? Il y a trop d'incertitudes", avait martelé l'autre avocate de Matthieu, Joëlle Diez, en demandant "un brin d'humanité" aux jurés.
- 'Un naturel glaçant' -
Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d'Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon, avait été retrouvé dans une forêt alentour sur les indications de Matthieu, placé en garde à vue la veille. Outre des violences sexuelles, l'autopsie avait révélé 17 coups de couteau.
Matthieu, âgé alors de 17 ans, avait intégré le collège dans le cadre d'un contrôle judiciaire strict, après quatre mois de détention provisoire pour le viol, sous la menace d'une arme, d'une camarade de 15 ans, Julie, dans le Gard. Des faits pour lesquels il a également été rejugé à Riom.
"Justice a été rendue pour la deuxième fois. Matthieu a été plus bavard qu'en première instance, cela a été des moments absolument épouvantables", a commenté Frédéric Marin, le père d'Agnès. "A crime exceptionnel et accusé exceptionnel, décision exceptionnelle", a estimé l'avocat de la famille, Me Francis Szpiner.
Pour la partie civile, si la condamnation a été confirmée en appel, c'est à cause de l'attitude de l'accusé lui-même, dont les déclarations "faisaient parfois froid dans le dos". Muet en première instance, Matthieu a cette fois joué la carte de la sincérité, selon ses avocates, jusqu'à les désarçonner en livrant de nouveaux éléments sur la manière dont il avait assassiné Agnès.
"Avec froideur, il a raconté comment il l'a exécutée, comment il l'a fait mettre à genoux, comment il l'a égorgée par derrière. Tout cela avec un naturel glaçant. Ce garçon indique même avoir ressenti un sentiment d?euphorie", avait glissé Me Szpiner en marge des débats.
"Ses propos me font peur", avait même confié, mardi, le père de Matthieu, avouant de ne pas reconnaître le fils qu'il a élevé, "adorable, intelligent et curieux de tout".
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