Les premiers essais libres du 1er Grand Prix de Russie de Formule 1, vendredi sur l'Autodrome de Sotchi, se sont disputés en plein soleil, dominés comme prévu par Mercedes, avec dans le stand Marussia une monoplace immobile, celle de Jules Bianchi.
Toute la journée, partout dans le paddock, il n'a été question que du pilote français, grièvement blessé dimanche dernier à Suzuka. Quand Marussia a décidé, avant la 1re séance, de ne pas le remplacer. Quand la plupart des pilotes ont baissé la visière pour reprendre le fil de leur carrière de pilote. Quand les patrons d'écurie ont montré qu'ils étaient aussi bouleversés que leurs pilotes, lors d'une conférence de presse remplie d'émotion.
"Jules est non seulement un pilote exceptionnel, c'est aussi une personne exceptionnelle", a dit Graeme Lowdon, le pdg de l'écurie anglo-russe (ex-Virgin). Il remplace tout le week-end son Team Principal John Booth, resté à Yokkaichi au chevet de Bianchi. "Ce week-end, ça ne peut pas être +business as usual+, ce n'est pas facile", a ajouté sobrement Monisha Kaltenborn, la Team Principal de Sauber F1.
- Philippe Bianchi: 'Jules se bat' -
"Jules se bat comme il s'est toujours battu. Comme en course. Il est fort. Il a 25 ans. C'est un athlète", a confié son père, Philippe Bianchi, au quotidien régional Nice Matin. L'interview exclusive est parue vendredi matin, assortie d'une information sur la santé de son fils: "Le communiqué publié mardi par l'équipe Marussia reste valable. Il n'y a pas de changement notable. Tout le monde sait qu'il est dans une phase critique. Pour un traumatisme de ce genre, les dix premiers jours sont souvent difficiles, cruciaux. Compte tenu de la gravité de son cas, dans l'état actuel des choses, impossible d'en dire plus", a ajouté le père du pilote, rejoint jeudi soir à Yokkaichi par ses deux autres enfants, Tom et Mélanie, au chevet de Jules.
Vendredi à Sotchi, la plupart des pilotes ont roulé avec sur leur casque un autocollant "Tous avec Jules #17". 17, comme le numéro de course de la Marussia de Jules posée dans le stand Marussia, toute la journée, comme si le temps s'était arrêté. Et comme si Jules allait tranquillement monter dedans, avec son sourire habituel, pour prendre part à cette journée d'essais, puis aux qualifications samedi de son 35e GP de F1.
"Ce week-end, je cours pour Jules, pas pour Ferrari", disait Fernando Alonso jeudi. Comme par hasard, il a été le premier sur la piste flambant neuve de Sotchi, vendredi matin, avec sur la carrosserie de sa Ferrari un "#ForzaJules" bien visible. Le double champion du monde espagnol, très proche de Jules Bianchi avec qui il fait souvent du vélo du côté de Maranello, a signé le 4e temps du matin, puis le 3e chrono de l'après-midi. Comme ses collègues de travail, il avait la tête ailleurs, mais il a fait le métier.
- La FIA répond aux questions -
Comme c'était un peu une journée-vérité, dans un paddock encore choqué, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) est montée au créneau, par la voix de son président, Jean Todt, et de son directeur de course de tous les GP de F1, Charlie Whiting.
Lors d'une séance de questions-réponses à rallonge sur les circonstances de l'accident, vidéos à l'appui, la FIA a justifié la décision de faire sortir l'engin de levage percuté par la Marussia de Bianchi, d'agiter le drapeau vert après le lieu de l'accident, et a proposé que la vitesse des pilotes soit mieux contrôlée à l'avenir, et éventuellement réduite à distance, quand ils sont supposés ralentir sous les drapeaux jaunes.
Evoquant "la tragédie de Suzuka" et "l'immense émotion" qu'elle suscite, parce que "la F1 est le pinacle du sport automobile", le président Todt a aussi rappelé que "cela reste un sport dangereux" et qu'il est de la responsabilité de la FIA qu'un accident comme celui de Bianchi dimanche dernier "ne puisse jamais se reproduire".
Comme il y a une course dimanche, il y a eu des chronos, et comme on pouvait s'y attendre, les Flèches d'Argent de Nico Rosberg le matin, puis Lewis Hamilton l'après-midi, ont dicté leur loi. Hamilton a bouclé 27 tours et abaissé de trois secondes le nouveau temps de référence à Sotchi: 1 min 39 sec 630/1000, soit presque trois secondes de mieux que Rosberg le matin (1:42.311).
Hamilton vient d'enchaîner trois victoires d'affilée (Monza, Singapour, Suzuka). Il aime quand ça va vite, et à Sotchi c'est le cas: 215 km/h de moyenne et des pointes à 320 km/h, au bord de la Mer Noire, sur une piste que Jenson Button assimile à "un mélange entre la Corée et Valencia". Dimanche à 15h00, devant plus de 50.000 spectateurs dont Vladimir Poutine et ses 800 invités, il prendra le départ avec 10 points d'avance sur Rosberg.
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