L'Espagne, où une aide soignante lutte pour survivre à la fièvre Ebola, s'est dotée vendredi d'un comité de crise interministériel pour gérer la crise, alors qu' entre peur et psychose, l'Europe et les Etats-Unis renforçaient les mesures de précaution.
Mariano Rajoy, le chef du gouvernement conservateur accusé par ses opposants de n'avoir pas préparé le pays face à Ebola, a rendu visite pendant ce temps à l'hôpital où se trouve la malade.
Le comité interministériel, dirigé par la vice-présidente du gouvernement, sera composé de dix membres représentant notamment les ministère de la Santé, de la Défense, des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de l'Economie et de la justice.
"C'est un moment complexe et difficile", a reconnu le chef du gouvernement espagnol en sortant de l'hôpital. "Il y a beaucoup de gens qui viennent travailler, nettoyer, et ils doivent tous savoir qu'ils ont l'appui, le soutien et l'affection de l'immense majorité des Espagnols".
A l'intérieur l'aide-soignante de 44 ans, hospitalisée lundi, était vendredi dans un état "grave mais stationnaire", selon une porte-parole de l'hôpital. Au total, outre l'aide-soignante, 13 personnes y étaient hospitalisées dans un service spécialisé, à titre préventif. L'hôpital a en effet décidé d'accepter toutes les personnes exposées qui en manifesteraient le souhait.
Pourtant, même si quelques personnes ont été hospitalisées dans plusieurs pays d'Europe et aux Etats-Unis, c'est en Afrique qu'Ebola continue à flamber. L'épidémie a déjà tué près de 3.900 personnes depuis le début de l'année, essentiellement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
Alors que le principal centre de traitement de Médecins sans frontières (MSF) était proche de la "saturation" en Guinée, des personnels de santé du Liberia ont entamé vendredi un débrayage pour réclamer des primes de risques.
Le gouvernement libérien a interdit à la presse l'accès aux centres de traitement d'Ebola, l'empêchant de couvrir ce mouvement de grève.
Les Philippines ont par ailleurs annoncé étudier le déploiement d'un nombre substantiel de travailleurs de santé en Afrique de l'Ouest pour répondre aux multiples appels à lutter contre l'épidémie.
Le premier cas de contagion hors d'Afrique, et le décès cette semaine d'un premier malade sur le sol des Etats-Unis, ont donné une dimension planétaire à l'angoisse: fausses alertes, rumeurs, hospitalisations de précaution se sont multipliées ces derniers jours.
A New York, quelque 200 personnes employées à nettoyer les cabines des avions se sont brièvement mises en grève à l'aéroport La Guardia mercredi soir, inquiètes des risques. Elles devaient reprendre le travail, après avoir reçu une formation.
Tirant les leçons de l'erreur commise à Dallas, où un patient libérien, décédé mercredi, avait initialement été renvoyé chez lui alors qu'il arrivait d'Afrique, les autorités ont renforcé la formation du personnel médical.
Les standardistes du "911" le numéro de téléphone à composer en cas d'urgence, sont notamment formés à poser des questions pour repérer d'éventuels malades.
Dès samedi, l'aéroport J.F. Kennedy, principal aéroport international de New York, va renforcer les contrôles des voyageurs en provenance des trois pays africains les plus touchés.
Londres a aussi décidé de renforcer le dépistage à Heathrow et Gatwick et les terminaux de train Eurostar en interrogeant les passagers sur leurs voyages récents.
En France, après un cas de panique dans une école primaire accueillant des enfants arrivés de Guinée, un bâtiment public en banlieue parisienne a été bouclé jeudi pendant une heure et demie après le malaise d'un jeune homme, lui aussi arrivé de Guinée. Une fausse alerte.
La police espagnole multiplie elle les mises en garde contre les faux bruits sur la contagion du virus Ebola qui circulent sur les réseaux sociaux.
"Les bobards à propos d'Ebola se poursuivent sur #whatsapp (application mobile). Informe-toi auprès de médias sérieux et ne répand pas la panique", a prévenu sur son compte tweeter la Guardia Civil, force de de sécurité nationale .
- '21 jours d'incertitude' -
En Espagne, des collègues de l'aide-soignante contaminée ne pouvaient s'empêcher d'avoir peur d'être à leur tour touchés. Une crainte qui a entraîné la désaffection du personnel censé s'occuper de la patiente à titre volontaire, c'est-à-dire en provenance d'autres services, selon Charly Manuel Torres, l'un des infirmiers qui s'occupe d'elle.
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