Dans une ambiance tendue par l'annonce de la suspension de l'écotaxe, l'Assemblée nationale a enfin adopté vendredi l'article 1er du projet de loi sur la transition énergétique en France, qui prévoit de réduire la part du nucléaire de 75% à 50% à l'horizon 2025, comme promis par François Hollande.
La décision jeudi de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal de suspendre sine die le péage de transit poids lourd face à la menace d'une mobilisation des transporteurs routiers s'est retrouvée immédiatement au centre des débats.
"Pourquoi continuer à discuter de la transition énergétique, quand se trouve consacré le +tout routier+?", lui a lancé le député du Front de gauche Patrice Carvalho, dénonçant un "mépris de la représentation nationale" qui avait voté en 2008 le principe de l?écotaxe.
"Nous devons trouver une solution qui ne détruise pas les emplois (dans les entreprises de transports, ndlr) mais en crée", s'est justifiée la ministre, appelant la commission spéciale de l'Assemblée mise en place pour l'examen du projet de loi de transition énergétique à "se pencher sur la question des sociétés autoroutières" dont une part des profits pourrait servir à financer des investissements dans les infrastructures de transports.
L'ancienne ministre EELV Cécile Duflot a aussi jugé la suspension de l'écotaxe "prématurée et tragique au moment où nous débattons de ce sujet" de la transition énergétique. L'UDI Bertrand Pancher y a vu une "triple faute", politique, environnementale et économique. "Vous sacrifiez une des plus grandes mesures environnementales par absence de lucidité", a asséné l'élu de la Meuse.
"Aujourd'hui nous sommes en train de gérer des dispositifs extravagants que vous avez mis en place!", lui a rétorqué Mme Royal, en référence en particulier au contrat passé par le gouvernement Fillon avec Ecomouv' pour la collecte de la taxe.
- Le député de Fessenheim ne lâche pas -
Les députés se sont ensuite péniblement remis à l'examen du 1er article du projet de loi, allongé depuis lundi par l'UMP qui a épuisé son temps de parole dans la défense du nucléaire. Le député UMP du Haut-Rhin Michel Sordi, dont la circonscription comprend la centrale de Fessenheim menacée de fermeture, a redit sa conviction que le nucléaire "fait partie de la transition énergétique", avant que son groupe ne quitte l'hémicycle.
La gauche a applaudi le vote de cet article, qui prévoit de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité mais aussi de diminuer de moitié la consommation énergétique en 2050 par rapport à 2012. Les députés y ont ajouté un objectif intermédiaire de réduction de 20% de la consommation en 2030, via un amendement gouvernemental, en ligne avec le paquet énergie-climat 2030 au menu du sommet européen des 23 et 24 octobre.
Parmi les autres objectifs définis, figurent la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030, et leur division par 4 en 2050. Enfin, la part des énergies renouvelables doit être portée à 23% en 2020 et 32% en 2030, et la consommation des énergies fossiles diminuer de 30% en 2030.
La réduction de la part du nucléaire est au centre des critiques de l'UMP, hostile à un "parti pris idéologique" et à "un compromis politique entre le candidat François Hollande et les écologistes". UMP et UDI reprochent aussi à la majorité de ne rien dire de l'impact de ce choix sur les factures d'électricité.
Mais pour Mme Royal, la nouvelle répartition entre les énergies "va faire baisser les factures" et "la priorité de ce texte est les économies d'énergie".
L'Assemblée doit achever vendredi soir l'examen des 64 articles du projet de loi "relatif à la transition énergétique pour la croissance verte", dont les volets sur le bâtiment, les transports ou encore le recyclage des déchets doivent permettre d'atteindre les grands objectifs fixés. Le vote solennel du texte aura lieu mardi.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.