A 24 ans, Salomon Morris a déjà beaucoup vu. De son Afrique natale aux cages normandes en passant par la case sans-papiers à son arrivée en France, le goal serrialeonais de l'US Quevilly a presque tout connu. Aujourd'hui, le goal volant – il aime sortir couper les trajectoires – n'aime pas regarder dans le rétroviseur : "La vie est comme elle est, je ne me prends pas la tête." A sa place, d'autres n'auraient pas eu le même sang-froid.
Enfant en Sierra Leone, Salomon Morris joue. Au foot, évidemment. A tel point qu'il espère en faire son métier. Alors, quand à 15-16 ans, un "Blanc" lui fait miroiter une carrière professionnelle, il n'hésite pas et part pour la France, eldorado rêvé. Ce qu'il y trouve au départ tient davantage du cauchemar : "Cela s'est très mal passé avec lui, je me suis retrouvé sans-papiers pendant plus d'un an, hébergé dans un foyer." Heureusement, il y rencontre des personnes formidables et se remet en scelle. Il repense, enfin, au foot. "Le foyer a contacté pour moi le FC Rouen, ils m'ont fait passer un essai et m'ont gardé comme 4e goal en – 18 ans, sans licence car toujours sans-papiers."
Un Leone Star en Normandie
Les méformes et blessures des goals concurrents propulseront rapidement le "Zombie" - son surnom au pays - dans les cages des jeunes Diables Rouges : "Je me souviendrai toujours de ce match, contre Beauvais. On s'est imposé 2-0 là-bas, j'ai fait un match incroyable." Viennent ensuite la rencontre avec Manu Da Costa, son actuel entraîneur à l'US Quevilly, qui lui fait confiance, puis les soucis financiers du club qui le poussent à partir.
Au début de la saison 2013-2014, il suit Manu Da Costa chez les Jaunes et Noirs, avec un statut de 3e gardien. La première saison est un peu galère, entre blessure, expulsion et rétrogradation dans la réserve. Mais Salomon Morris ne désespère pas. Et pour cause : entre temps, il est devenu un Leone Star, un international dans son pays : "Ma première sélection sur le banc remonte à 2012, contre la Tunisie. Mon premier match titulaire, c'est contre le Cap Vert il y a un an. Depuis, je suis titulaire." Fort de ses 9 sélections, le gardien a le moral au beau fixe : "La sélection m'a donné de la confiance."
Sans peur
Cela se ressent aussi avec l'US Quevilly : devenu titulaire cette année après le départ d'Issa Coulibaly, Salomon Morris est en partie responsable du bon début de saison de son équipe, 2e du championnat après 5 journées. Lui ne s'en satisfait pas : "Je dois encore m'améliorer dans les sorties aériennes et dans mon jeu au pied." Des progrès indispensables s'il ne veut pas se faire transpercer par les stars camerounaises – Vincent Aboubakar, Stéphane M'bia, Nicolas Nkoulou – lors des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations le mois prochain (le Sierra Leone est dernier de sa poule et doit jouer tous ses matchs à l'extérieur, son pays étant gravement touché par le virus Ebola).
Mais qu'on se le dise, le Zombie n'a peur de rien : "Juste avant le match contre la Côte d'Ivoire, j'ai regardé Yaya Touré à la télévision, mais sur le terrain, j'ai tout oublié."
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