C'est un témoignage rare dans les tribunaux... Celui d'un homme de 37 ans, victime de violences et d'insultes en raison de son orientation sexuelle. Le 10 mars 2014, dans son immeuble du centre-ville de Cherbourg, il avait été pris à partie par son voisin, âgé de 57 ans, dont il avait plusieurs fois signalé les nuisances sonores auprès de leur bailleur. L'affaire était examinée ce mardi 17 juin au tribunal de Cherbourg.
Sans provocation préalable, l'agresseur lui avait asséné une insulte à caractère homophobe avant de le saisir par le col et de le projeter à au moins deux reprises contre les boîtes aux lettres dans le hall de l'immeuble. S'il reconnaît ses gestes et ses paroles, le prévenu affirme qu'il n'est en rien homophobe : "Ma propre fille et sa compagne se sont mariées le week-end dernier, elles auront bientôt un enfant. Mes précédents voisins étaient un couple d'hommes et je n'ai jamais eu de problèmes avec eux".
Le courage de déposer plainte
Selon le prévenu et son conseil, il ne s'agit pas d'une agression homophobe mais d'une conséquence d'un "acharnement procédural" de la victime sur son voisin, contre qui le bailleur a d'ailleurs lancé une procédure d'expulsion. La défense demande la relaxe, faute de témoin occulaire de la scène.
L'avocate de la victime a demandé 8000 euros pour le préjudice subi par son client, "qui vit un enfer depuis 2 ans". Coups de poing dans les murs, télévision ou musique au volume sonore très élevé, insultes, préservatifs retrouvés dans sa boîte aux lettres, jusqu'à l'agression physique du 10 mars... "Il s'agit d'un acte infâme qui atteint les libertés individuelles". Pour Sébastien, le plaignant, il s'agit d'abord d'être reconnu comme victime :
Cherbourg : "ne pas banaliser les paroles homophobes"
SOS Homophobie et la Ligue des droits de l'Homme, parties civiles dans cette affaire, ont rappelé l'importance des valeurs de liberté et d'égalité, évoquant le 70e anniversaire du D-Day, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la dépénalisation de l'homosexualité défendue par Robert Badinter en 1981, etc. Pour Lucie Béguin, coordinatrice d'SOS Homophobie Basse-Normandie, il s'agit de ne pas banaliser ces paroles et ces actes... Dont la majorité n'est pas médiatisée :
Cherbourg : "ne pas banaliser les paroles homophobes"
Le parquet a requis 6 mois de prison assortis d'un sursis et mise à l'épreuve, avec obligation de soins pendant 18 mois. La décision sera rendue le 1er juillet.
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