La date officielle des commémorations, à Montormel, ça n'est que le 22 août : 2 mois ½ après le débarquement sur les plages normandes. C'est le temps qu'il a fallu au forces alliées, en 1944, pour boucler la Poche de Falaise/Chambois et les polonais y ont payé un très lourd tribu : suffisamment important pour que le Président polonais choisisse de s'y arrêter, ce vendredi matin, avant de rejoindre la cérémonie internationale à Ouistreham.
Montormel, c'est tout simplement la plus grosse bataille de la seconde guerre mondiale à l'Ouest de l'Europe, qui s'est déroulée au pied de ces collines ornaises: après le débarquement, une partie de l'armée américaine est descendue d'Utah Beach, plein sud, par Avranches, vers la Bretagne et vers Le Mans … pendant qu'anglais et canadiens bataillaient autour de Caen.
Mais début août 44, l'armée allemande a livré la bataille de Mortain pour tenter de couper ce cordon ombilical américain vers le sud. Les alliés décident alors d'encercler cette armée allemande : une tenaille au nord, vers Caen / Falaise. L'autre au sud : venant du sud-Manche par Mayenne, le Mans, puis Alençon.
C'est finalement entre Falaise et Chambois que la bataille va faire rage entre 100.000 allemands et 150.000 américains, anglais, canadiens, polonais et français sur seulement quelques kilomètres carrés, pilonnés par l'aviation alliée; avec la rivière La Dives, que les allemands doivent franchir pour tenter de s'échapper vers l'Est … mais il ne reste alors que 2 points de passage, c'est ce que les historiens appelleront plus tard : « Le couloir de la mort ».
Ce sont les soldats polonais qui ont héroïquement fermé cette poche dans laquelle 100.000 allemands sont restés encerclés.
La SS panzer « Das Reich », celle d'Oradour sur Glane, contre-attaque, mais les polonais tiennent coûte que coûte, et au bout de 3 jours les 5ème et 7ème armées allemandes sont vaincues, ici, à Montormel : 10.000 allemands et autant de chevaux, sont morts. 40.000 allemands sont faits prisonniers. Les dégâts matériels infligés à la Wermacht sont suffisamment considérables pour imposer ensuite la rapide retraite allemande vers l'Est, et la Libération de Paris.
Malgré le manque de vivres, d'eau ... isolés sur leur colline, les polonais ont tenus. Faute de munitions, héroïquement, ils se sont battus à la baïonnette. 325 ont été tués. 114 sont portés disparus. 1002 ont été blessés. Ils n'étaient plus qu'une soixantaine en état de combattre...
Après, il faudra des mois pour nettoyer le champ de bataille, jeter les corps des soldats et les carcasses des chevaux dans des fosses communes. On a du mal à se l'imaginer, mais ils y en avait un tel volume que les derniers restes de carcasses métalliques des engins de la guerre se vendaient encore, autour de Chambois et de Trun, sur le marché de la ferraille, dans les années 80, 35 ans après les combats ...
En l'honneur de ceux qui ont mis fin à cette Bataille de Normandie, un monument a été construit à Montormel : il domine la plaine où les combats ont eut lieu. Une messe du souvenir y est célébrée tous les 22 août, date de la fin de la Bataille.
Ce monument a été complété en 1994 par un Mémorial, qui raconte cette page d'histoire.
C'est donc ici, ce matin du 6 juin 2014, que Bromislav Komorowski, le président de la République de Pologne a décidé de se recueillir, dans le Mémorial, devenu beaucoup trop petit, pour accueillir tous les vétérans polonais !
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