Pour le député-maire PS d'Alençon, cette réforme territoriale bien accueillie par l'opinion publique, est l'occasion d'interroger l'identité de nos territoires, à l'aune de l'histoire, de la géographie, de la culture. Pour lui, "il convient alors de se méfier des réponses trop évidentes. Ainsi, la fusion des Normandie a l'avantage d'être facilement compréhensible, en particulier dans une perspective de communication à l'international. A l'heure où l'image de marque compte tant, cet argument massue pourrait nous exonérer d'une réflexion plus fine, sur les marges et les frontières."
Joaquim Pueyo souligne que "l'importance de la façade maritime de notre région ne doit pas conduire à oublier l'intérieur des terres, les campagnes verdoyantes. Géographiquement, Alençon est une ville « porte », une agglomération au croisement de 2 régions et de 3 départements."
Le parlementaire explique que "la délimitation des départements créés en 1790 s'est fait sur le principe du temps de parcours à cheval depuis le chef lieu, temps qui ne devait pas excéder une grande journée. On sait moins que la constitution de ces départements visait à effacer la notion de Provinces, qui décrivait au mieux l'espace vécu mais évoquait trop une organisation féodale des territoires. Le Maine, l'Anjou, la Normandie étaient des duchés, titre portés par les princes : Louis XV était duc d'Anjou, Louis XVI duc de Berry, son second fils, l'éphémère Louis XVII était duc de Normandie... Le projet politique porté par la Révolution qui voulait valoriser l'appartenance à un nouvel ensemble national a atteint son but. Pourtant les anciennes provinces démantelées administrativement ont perduré, trouvant par exemple une nouvelle vie dans les Parcs régionaux, comme le parc Normandie-Maine qui rappelle opportunément que la nature, les paysages et la géographie unissent encore 2 territoires qui ont été arbitrairement séparés."
Pour Joaquim Pueyo "le tracé de ces limites départementales a d'ailleurs posé des difficultés. Quand le Maine a été disloqué pour créer les départements actuels, certaines communes mayennaises faisaient à la fois partie du Maine et de la Normandie. Elles avaient été coupées en deux en 1790, une partie rejoignant la Mayenne, l'autre l'Orne. Cette situation peu pratique persista jusqu'en 1832 pour 12 communes."
Aujourd'hui, argumente le député-maire, "il n'est plus à craindre de remettre en cause l'unité nationale, mais depuis les lois de décentralisation nous savons qu'il faut rapprocher le citoyen des processus décisionnels. Les agglomérations tendent à s'organiser en « bassin de vie », c'est-à-dire en espace cohérent qui offre aux habitants toutes les ressources et activités dont ils ont besoin au quotidien. Cette notion éclairerait utilement la réforme territoriale qui s'ouvre : La Sarthe et la Mayenne ont des attaches anciennes avec la Normandie de Guillaume le Conquérant à nos jours. Leurs habitants viennent volontiers dans l'Orne pour le travail, les loisirs, la culture. La réciproque est vraie: les Alençonnais fréquentent régulièrement Le Mans. Ces liens sont notamment matérialisés par des établissements publics, comme le Centre Hospitalier Inter Communal d'Alençon-Mamers. Jusqu'en 1969, l'université du Mans était une antenne de l'université de Caen. Les voies de communications modernes que sont l'autoroute et la ligne de train Caen-Tours permettent ces liens, qui sont parfois quotidiens."
Joaquim Pueyo explique enfin que "224 ans après la création des départements, l'annonce de la réforme territoriale par le Premier ministre anime le débat public, car il met en tension notre attachement à des territoires marqués par l'histoire et la nécessité d'une structure administrative lisible et plus efficace. Il n'est pas aberrant de questionner nos frontières locales, pour que cette réforme territoriale donne le jour à une Région plus cohérente, plus équilibrée entre l'arc Seino-marin urbanisé qui relie Rouen, le Havre et Caen et les espaces ruraux, cette campagne pleinement constitutive de l'identité normande, qu'on aurait tort de considérer comme périphérique et secondaire."
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