Comment vous sentez-vous après ces dix mois de détention ?
Je me sens bien. Je suis content d’être revenu à la maison. J'ai été positivement surpris par la mobilisation qui a eu lieu. Je sais que ça a été très difficile pour mes parents et j'ai été étonné par certains, que je ne pensais pas si concernés par ma captivité et si proches de moi. J'imaginais que la mobilisation était beaucoup plus discrète.
Pourquoi aviez-vous choisi de partir en Syrie ?
J'y étais déjà allé et je n'ignorais pas que c'était une zone de guerre. Cela me paraissait intéressant de couvrir médiatiquement cette zone. Je savais que le risque était présent lorsque je suis parti mais je le considérais comme moindre qu'ailleurs.
Comment se déroulaient vos journées lorsque vous étiez otage?
Des quatre, je suis celui qui a eu les conditions de vie les plus faciles. Comme on ne devait ni être vu ni voir, on était le plus souvent menotté avec les yeux bandés. Nos journées étaient rythmées par les prières. Nous mangions de la soupe de lentilles, des pains ronds, des olives et des yaourts en quantité très faible au début, que de la nourriture saine finalement. Nos ravisseurs nous parlaient de tout. Souvent, ils nous disaient qu'ils allaient nous tuer et faire une vidéo, nous demander des millions etc. Au final, on s'en tire pas mal.
Quel est votre pire souvenir ?
La peur. J’ai vraiment eu très peur, en particulier au début de ma détention. Je craignais qu’ils ne se débarassent de moi. Etre seul au début a été difficile, on ne fait que gamberger.
Avez-vous pensé à vous enfuir ?
Bien sûr, j'y ai pensé mais les gardiens étaient très vigilants et la Syrie est un pays où on est repéré très facilement.
Aviez-vous une idée de qui étaient vos ravisseurs ?
Non pas vraiment. Il y avait des étrangers parmi nos gardiens mais je suis incapable de vous dire de quelle nationalité ils étaient. En général ils parlaient arabe entre eux et avec nous. Nicolas (Hénin) était arabophone et nous traduisait tout. Mais malgré la barrière de la langue, nous arrivions à nous comprendre.
Vos relations avec les trois autres otages étaient-elle conflictuelles ?
Parfois oui, parce qu'entre français, on aime bien polémiquer. Mais nous avons gardé de très bons contacts finalement. C'est le début d'une amitié.
Comment envisagez-vous votre retour et votre vie désormais ?
Je pense qu'il va être facile de tourner la page. J'ai déjà retrouvé toutes mes habitudes, et plutôt les mauvaises que les bonnes. Cela a quelque chose d'irréel. Les dix mois se sont écoulés comme un éclair.
Que pensez-vous de la rançon de 18 millions évoquée par l’hebdomadaire allemand Focus ?
Cela me paraît irréaliste et beaucoup trop. Je suis convaincu que la France n’a pas payé. Et je pense qu'il est dangereux d'évoquer ce genre de montant.
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