Fidèle à sa méthode (tout faire lui-même), Nicolas Sarkozy avait décidé de se remettre sur le devant de la scène : une heure entière en début de soirée, lundi, pour répondre aux questions de David Pujadas. Selon l'Elysée, cette émission était prévue de longue date et devait traiter de la réforme des retraites, projet de loi présenté le lendemain en conseil des ministres. Mais le président avait résolu au dernier moment de 'répondre à toutes les questions d'actualité”. Ainsi mise en scène, l'émission envoyait d'emblée à l'opinion le message que Nicolas Sarkozy voulait imposer : 1. ce qui compte est la réforme des retraites, le chef de l'Etat ne s'en laisse pas détourner par des querelles mensongères ; 2. mais il se laisse interroger sur ces mensonges, pour les ramener à leur juste proportion, car le président n'a peur de rien.'...Et notamment pas du service public”, ironisait l'opposition de gauche le week-end dernier. Son ironie était partagée par une partie des journaux : ulcérés par les insultes de ministres qui les traitent de 'fascistes” (Xavier Bertrand) 'dignes des années 1930” (Nadine Morano), beaucoup de chroniqueurs attendaient sans clémence la prestation présidentielle de lundi soir.
Un dossier plus que difficile.
Nicolas Sarkozy s'apprêtait à plaider un dossier difficile – et d'autant plus que son intervention ne devait surtout pas ressembler à une plaidoirie.
La difficulté de l'affaire Woerth était en effet multiple pour l'Elysée.
D'une part, l'opinion publique était persuadée que les fameux 150 000 euros dénoncés par Claire Thibout (ex-comptable de Liliane Bettencourt) avaient bien transité par les mains de Woerth pour aller financer la campagne présidentielle de Sarkozy, début 2007. Toute dénégation du chef de l'Etat risquait de n'être pas crue.
D'autre part, l'absence d'un juge d'instruction dans cette affaire irritait l'opinion, la magistrature et le barreau. Situation pire que scabreuse : l'affaire Bettencourt-Woerth n'était l'objet que d'enquêtes préliminaires secrètes, à la discrétion d'un procureur, Philippe Courroye, non seulement membre du parquet (soumis à l'exécutif), mais ami du chef de l'Etat, et qui pouvait classer l'affaire sans appel. On est dans la logique qui prévaut depuis deux ans, celle de la suppression du juge d'instruction, s'insurgaient les magistrats : on nous affirmait que le procureur peut mener les investigations et voilà le genre d'impasses auxquelles ça mène. Dans ce climat, tout appel de Sarkozy à laisser travailler la justice risquait de sonner faux lundi soir.
Jamais le président de la République n'avait eu à mener une manuvre aussi délicate, avec une si faible liberté de mouvement et un enjeu aussi considérable.
Un dossier plus que difficile.
Nicolas Sarkozy s'apprêtait à plaider un dossier difficile – et d'autant plus que son intervention ne devait surtout pas ressembler à une plaidoirie.
La difficulté de l'affaire Woerth était en effet multiple pour l'Elysée.
D'une part, l'opinion publique était persuadée que les fameux 150 000 euros dénoncés par Claire Thibout (ex-comptable de Liliane Bettencourt) avaient bien transité par les mains de Woerth pour aller financer la campagne présidentielle de Sarkozy, début 2007. Toute dénégation du chef de l'Etat risquait de n'être pas crue.
D'autre part, l'absence d'un juge d'instruction dans cette affaire irritait l'opinion, la magistrature et le barreau. Situation pire que scabreuse : l'affaire Bettencourt-Woerth n'était l'objet que d'enquêtes préliminaires secrètes, à la discrétion d'un procureur, Philippe Courroye, non seulement membre du parquet (soumis à l'exécutif), mais ami du chef de l'Etat, et qui pouvait classer l'affaire sans appel. On est dans la logique qui prévaut depuis deux ans, celle de la suppression du juge d'instruction, s'insurgaient les magistrats : on nous affirmait que le procureur peut mener les investigations et voilà le genre d'impasses auxquelles ça mène. Dans ce climat, tout appel de Sarkozy à laisser travailler la justice risquait de sonner faux lundi soir.
Jamais le président de la République n'avait eu à mener une manuvre aussi délicate, avec une si faible liberté de mouvement et un enjeu aussi considérable.
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