Il est 0h15 dans la nuit du samedi au dimanche lorsque les pompiers reçoivent un appel au secours. C'est d'abord une jeune femme qui est en ligne. Lorsque les pompiers lui demandent ce qui se passent, elle hésite. C'est finalement James Allamargot qui reprend le combiné et qui explique aux pompiers « c'est mon copain qui s'est pris une balle de calibre 12 en plaine bouche ». L'enregistrement est diffusé au tribunal.
James l'a dit à son amie : « tu dis qu'il s'est fait ça tout seul, sinon j'en prend pour 10 ans ».
James Allamargot a d'abord inventé un accident de son copain qui aurait joué avec une arme, pour évoluer au fil des auditions et des gardes à vue et pour finalement avouer que c'est lui qui a tiré. Il évoque l'euphorie, après un coup de fil à un copain qui pouvait lui fournir de la drogue... Il se serait mis à danser et le coup serait parti.
La drogue, les dettes de drogues, sont aussi le filigrane de cette affaire : déjà dans l'après-midi du samedi, Rudy est venu chez James et son amie. Ils ont consommé de l'héroïne. Puis il sont allés chercher du cannabis chez un autre, et ils ont aussi évoqué la possibilité d'aller chercher 100g d'héroïne à Caen. Mais Rudy y serait déjà allé, ce qui aurait pu fâcher James.
Entre temps, c'est un week-end normal : lavage de voiture et déménagement de quelques affaires d'un appartement à un autre. Dont un fusil calibre 12, pour y installer une « visée » explique James.
Vers 23h30 les 3 se retrouvent et de l'héroïne est à nouveau consommée. C'est à ce moment que James met une cartouche réelle dans l'arme qu'il est en train de nettoyer.
Puis machinalement il passe un coup de fil, encore pour se procurer de l'héroïne.
Puis il vise son copain « c'était pour déconner » explique-t-il. Puis il appui sur la gâchette.
Devant la cour, il assure qu'il ne se rappelait plus avoir mis la cartouche dans l'arme à feu.
Le coup part. Quasiment à bout portant. Rudy est projeté en arrière. Il a la bouche déchiqueté. C'est la panique. « Je lâche le fusil, je vais vers lui, il a un trou dans la bouche, je le secoue, je crie, je veux savoir s'il réagit », explique James à la cour d'assises.
James explique aussi avoir tiré son copain du lit sur lequel il était assis, avoir essayé de lui faire un massage cardiaque. Mais il est sans doute déjà mort. Cette thèse reste à confirmer : le légiste n'a pas vu de trace de massage cardiaque.
Les photos de la scène du drame sont projetées en audience. Elles sont horribles. La tête du jeune homme baigne dans une mare de sang. Bizarrement en de telles circonstances, il n'y a que très peu de projection de sang dans la chambre où vient de se dérouler le drame.
Pourquoi avoir amené le fusil ? Pourquoi avoir pris des cartouches ? interroge l'avocat général, Pascal Chaux.
James est tireur, inscrit dans un club. Mais ça n'explique pas la présence d'un fusil et de cartouches dans cette chambre, ce soir là.
Le coup de feu serait parti accidentellement. Mais l'avocat général et l'avocate de la partie civile sont beaucoup plus dubitatifs : notamment parce que l'affaire se passe sur fond de dettes de drogue … et parce que l'auteur du coup de feu a eu le temps de faire les poches de sa victime … et d'y dérober 500 euros avant l'arrivée des secours.
Pourquoi avoir inventé toute une histoire ? Pourquoi avoir laissé entendre aux gendarmes arrivés sur le drame qu'il s'agissait d'un suicide ? La thèse a été jugée plausible par les techniciens criminels arrivés de Caen moins d'une heure après le déclenchement des secours. Cette « fausse piste » a permis de ne pas éveiller de soupçons dans les premiers jours. Ce qui a permis aux jeunes de tous laver, ranger. Jusqu'au résultat d'autopsie qui a commencé à éveiller des soupçons, 3 jours plus tard. C'est l'amie de James qui indiquera la première la vérité des faits.
James, lui, ne commencera à admettre la vérité qu'au bout de sa 4ème audition par les gendarmes.
Son procès en appel devant les assises de l'Orne se poursuivra demain mardi par l'audition de tous les experts médicaux, balistiques. Si James Allamargot reconnaît désormais être l'auteur du coup de feu, il restera à la cour à tenter de déterminer si celui-ci était accidentel. Ou pas.
En première instance, James Allamargot a été condamné à 10 ans de prison. Il risque 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu mercredi après-midi.
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