“Rouen est une ville qui a toujours laissé une place importante à la librairie”, explique Matthieu de Montchalin, le directeur de l’Armitière. Si le nombre de librairies est important, il reste toutefois stable depuis plusieurs années. “Nous devons être dans les derniers à nous être installés il y a sept ans”, raconte Patrick Grée, vendeur à la librairie Polis.
Une stagnation constante
“Lorsque l’on est libraire à Rouen aujourd’hui, on n’a pas d’autre choix que de se spécialiser”. Car l’omniprésence d’internet est une épée de Damoclès qui plane au-dessus de la tête (bien pleine) de nos libraires. Pourtant, ceux-ci ne sont pas unanimes sur la question de la toile. Si patrick Grée estime que “la vente sur internet tue chaque jour un peu plus les librairies”, Matthieu de Montchalin affirme que “sur 100 livres achetés en 2012 à Rouen, un seul l’était en version numérique et dix autres sur internet”.
90 % des livres sont donc achetés en format papier, un chiffre rassurant. Pour Michael Feron, alias Monsieur Rêve, propriétaire de la bouquinerie Le rêve de l’escalier, “le livre papier et le livre numérique ne sont pas incompatibles. Le numérique a un coût et même s’il faisait disparaître le papier, celui-ci deviendrait alors objet de collection”. Du côté de la librairie Polis, on estime que le web n’est pas seul en cause. “Le livre coûte très cher et je pense qu’actuellement, on en publie beaucoup trop. Désormais, tout le monde veut être auteur”, s’irrite le vendeur. Et le phénomène de livre à la demande n’arrange rien. Désormais, tout le monde peut faire publier son œuvre, sans aucune restriction.
Face à la concurrence, les vendeurs de livres ne se laissent pas dérouter. “Les autres libraires sont mes confrères, je n’ai que deux concurrents, la Fnac et Amazon”, précise Matthieu de Montchalin. Un sentiment que partage l’ensemble des libraires rencontrés. Et face à cette concurrence rude, chacun sa stratégie. “Je vends 30 000 livres à l’année, explique Michael Feron. Je participe à beaucoup d’événements, j’organise des concerts ou des lectures dans la librairie et je participe à l’opération du livre suspendu permettant à une personne dans le besoin de ne pas payer un livre”.
A l’arrivée de la Fnac en 1984, quatre d’entre eux se sont unis et ont créé une association, dans le but d’organiser des événements tel que le salon du livre. Malgré tout, Patrick Grée ne souhaite pas que le grand concurrent quitte le centre-ville. “Moins les gens iront en centre-ville, moins ils viendront dans notre librairie. Le jour où le centre-ville sera déserté, ce sera une catastrophe”. Finalement, ce qui inquiète le plus les passionnés de bouquins, ce ne sont ni le web, ni la concurrence, ni le livre numérique, mais le fait que le public lise moins. Le directeur de l’Armitière l’affirme. “Lire demande du temps”. Un loisir chronophage, mais qui apporte beaucoup au lecteur. “Qui veut se connaître, qu’il ouvre un livre”, écrivait Jean Paulhan.
Repères
Loi. La loi Lang est une loi française instaurée par Jack Lang en 1981 qui garantit un prix unique du livre en France. Le vendeur est toutefois autorisé à une réduction jusqu’à 5% .
Nombre. La France et l’Allemagne sont les deux pays où on trouve le plus de libraires par nombre d’habitants. En France, on dénombre 3 000 libraires indépendants.
Définition. On nomme librairie tout magasin dont la première activité est la vente de livres. Il existe différents types de points de vente du livre, du généraliste au spécialisé.
BoD. Books on demand est un éditeur numérique grand public, qui publie10 000 livres par an. Si le siège est situé en Allemagne, l’entreprise offre ses services en France.
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