Cela fait tout juste trois ans : le lundi 24 janvier 2011, un soudeur de 37 ans faisait une chute mortelle sur le chantier de l'EPR de Flamanville, au sein du futur bâtiment réacteur. La passerelle sur laquelle il travaillait avait été percutée par une charge de 850 kilos, elle-même soulevée par une grue. Ce vendredi 31 janvier, 4 prévenus son poursuivis par la justice, le grutier et trois sociétés : Bouygues, responsable de la coordination de la sécurité sur la phase génie civil, Tissot, qui a mis à disposition la passerelle, et Normétal, employeur du grutier.
La vitesse de la grue en cause
Ce dernier, aujourd'hui âgé de 39 ans, était à l'époque employé intérimaire sur le chantier depuis 16 mois. Après l'accident, il a été contrôlé positif au cannabis. Le week-end précédent, dans la nuit du samedi au dimanche, l'homme avait consommé 4 à 5 "joints" avec des amis. Il a précisé au tribunal se sentir capable d'aller travailler le lendemain matin, expliquant qu'il n'avait pas idée que les effets de la drogue pouvaient perdurer plus de 24 heures.
La matinée a été consacrée au rappel des faits. Un expert a précisé que la vitesse de la grue était trop élevée au moment du drame. Le prévenu a expliqué qu'il manoeuvrait comme toujours à l'aveugle, guidé par radio par un supérieur. "J'ai levé tout doucement la charge, et lorsque j'ai entendu "Stop ! Attention !", j'ai tout lâché. Personne ne m'a dit : "tu vas trop vite !"" a expliqué le grutier. Son avocat, Maitre Ygouf, regrette que les experts n'aient pas pu témoigner lors du visionnage de la vidéo de l'accident :
Chute mortelle à l'EPR : qui est responsable ?
Une passerelle mal sécurisée
Absence d'un dispositif anti-soulèvement ou anti-écartement sur la passerelle, boulons inexistants ou mal vissés, un autre rapport a pointé 26 non-conformités sur les passerelles comme celle qui s'est décrochée. Le représentant de Tissot a expliqué l'absence de tels dispositifs par le fait que ces passerelles devaient être régulièrement "hissées" au gré de l'avancée du chantier.
Autre question posée par le tribunal, était-il possible de manoeuvrer les grues en présence de salariés sur les passerelles, dans le respect de leur sécurité ? Le représentant de Bouygues, a attribué l'accident à erreur humaine du grutier et au fait que les passerelles ne disposaient pas d'un système de sécurité. L'avocat de Bouygues, Me Goossens, plaidera la relaxe :
Chute mortelle à l'EPR : qui est responsable ?
Audience nocturne
L'épouse du soudeur victime de la chute mortelle assiste à l'audience, comme le syndicat CGT, qui s'est porté partie civile. "Nous défendons les deux salariés et voulons que les vrais coupables soient condamnés. A l'époque, nous savions que les délais imposés par Bouygues étaient trop courts. C'était la recherche du profit maximum au détriment de la sécurité des salariés, il a fallu attendre des drame pour que cela change" explique Lionel Lerogeron, secrétaire départemental du syndicat :
Chute mortelle à l'EPR : qui est responsable ?
Bouygues, Tissot et Normetal encourent 375 000 euros d'amende, le grutier 3 ans de prison et 30 000 euros d'amende. Les réquisitions du Parquet devraient débuter aux alentours de 20h. Les plaidoiries des avocats se poursuivront tard dans la nuit. La décision devrait être mise en délibéré à une date ultérieure.
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