Une chose est sûre : 2013 n’a pas été florissante. “Le nombre de dépôts de bilan a augmenté”, reconnaît Pierre Bellanger, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Rouen en charge du commerce. “L’inquiétude est grande, d’autant plus que les banques ne prêtent plus”, glisse de son côté Pierre-Vincent Langlois, président d’AIC, agence immobilière spécialisée en implantation commerciale. “En un an, les fermetures se sont accélérées”, renchérit Philippe Dépréaux, président de la Concentration des comités commerciaux de Rouen (3CR). Tout le monde s’accorde à dire que certains axes s’effondrent : les rues du Général Leclerc et Alsace-Lorraine, la rue de la République, le bas de la rue Grand Pont, le haut de la rue Beauvoisine... Les cases commerciales désertées ont fleuri.
Désertification ou mutation ?
“La modification des modes de transport perturbe les comportements des consommateurs. Ils ont perdu leurs repères... momentanément”, estime Pierre Bellanger. S’il n’ignore pas la souffrance de certains, le vice-président de la CCI est persuadé “que le paysage se redessine”. Patience ? Ce n’est pas l’avis de tout le monde. Pour la rue Jeanne d’Arc, “qui se paupérise”, “elle se mourrait depuis 20 ans, mais là, avec la ligne 7, ils l’ont tuée”, assène Pierre-Vincent Langlois. “No parking, no business”, comme aiment à le rappeler l’agent immobilier ou Philippe Dépréaux, reprenant une maxime américaine bien connue...
Rouen demeure toutefois l’une des grandes villes de France les plus attractives en la matière, comme le prouve sa nomination au prix 2014 de la Fédération Procos pour le “Meilleur circuit marchand”. Mais plusieurs réalités s’entrechoquent. Certaines zones s’en sortent bien, comme le très huppé “triangle d’or” ou “carré magique” (rues du Gros Horloge, Ganterie, des Carmes...). Ici, dans ces axes “numéro 1” très prisés par les grandes enseignes, le prix d’un bail commercial peut atteindre 1 000 €/m2. Les quartiers où les commerces de bouche sont ancrés (Vieux Marché, Saint-Marc, Croix de Pierre) résistent, eux aussi, “car on est dans le haut de gamme à dominante locale, c’est un atout formidable”, juge Pierre Bellanger. Et entre deux, les rues “1 bis”, à l’image de la rue aux Juifs ou de la rue d’Amiens, semblent attirer de nouveaux commerces innovants, tendance ou créatifs.
Pas facile tout de même d’y voir clair dans ce patchwork mouvant. Début février, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Rouen rendra son étude sur l’état du commerce rouennais, dans le cadre de l’observatoire mis en place grâce au plan Fisac (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce) 2011-2013. Un document qui pourrait permettre d’avancer plus sereinement.
Les centres commerciaux tiennent bon
Comme le “petit” commerce, les centres commerciaux ont souffert de la crise économique et des mutations de la consommation, dont la progression constante des achats en ligne. Récemment, le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a ainsi révélé que les établissements français ont affiché en 2013 un recul de leur chiffre d’affaires de 1,6 % et de leur fréquentation de 1,7 %. Des baisses supérieures à celles enregistrées en 2012.
Dans l’agglomération (les Docks 76 et Saint-Sever n’ont pas encore publié leurs chiffres), certains s’en sortent mieux. Ainsi, au centre commercial de Tourville-la-Rivière (60 boutiques), exploité par Klépierre, le chiffre d’affaires a progressé de 2,5 %. “Nous finissons l’année à 5,4 millions de clients, détaille Guillaume Challouatte, directeur du centre. Le début d’année a été contrasté jusque avril mais depuis nous sommes sur des tendances positives par rapport à l’année d’avant”.
Repères
Positivons Pierre Bellanger, vice-président “commerce” de la CCI de Rouen, regrette que les commerçants soient souvent négatifs et ne mettent pas en avant leurs qualités.
Dialogue Yvon Robert, maire de Rouen, va entreprendre très prochainement des réunions de concertation avec les commerçants, quartier par quartier.
Rive gauche La rue et le quartier Saint-Sever - le centre-ville de la rive gauche de Rouen - résiste grâce à une clientèle piétonne nombreuse.
Alimentaire “Les rues offrant une offre commerciale alimentaire de qualité s’en sortent”, estime Philippe Dépréaux. Les commerces de bouche aimantent les autres.
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