C'est un dossier particulièrement complexe sur lequel se penche le tribunal correctionnel de Cherbourg depuis ce mardi 14 janvier, 9 heures. Cinq hommes comparaissent pour une affaire de trafic d'objets de collection appartenant au musée Airborne, de Sainte-Mère-Eglise, spécialisé dans les troupes aéroportées américaines de 1944. Une audience qui intervient à six mois du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
55 800 euros de préjudice
Principal prévenu, l'ancien directeur du musée, Patrick Bunel, qui l'a dirigé de 2006 à 2010. Il est soupçonné d'avoir détourné des objets pourtant achetés avec les ressources de l'association qui gère le musée, pour un préjudice qui s'élève à 55 800 euros. Patrick Bunel est également poursuivi pour abus de confiance, faux et usage de faux. Il a reconnu avoir créé deux fausses factures, afin de justifier d'achats de pièces militaires, réglées en espèces.
Une partie de ces objets de collection (blouson d'aviateur, armes, véhicule blindé, avion...) étaient stockés dans le hangar de son père, à plus de 80 kilomètres de Sainte-Mère-Eglise. M. Bunel a précisé qu'il s'agissait d'un lieu temporaire, en attendant l'extension du musée qui est en cours. Il nie catégoriquement avoir eu l'intention de les conserver :
L'ancien directeur du musée Airborne devant le tribunal de Cherbourg
Quatre autres personnes sont poursuivies dans cette affaire pour faux et usage de faux et recel : 3 revendeurs de militaria dont l'un est absent à l'audience et un salarié du musée.
Un contexte politique
Par ailleurs, le président du tribunal a tenu à préciser le contexte politique de l'affaire. A l'époque où Patrick Bunel dirigeait le musée, c'est le conseiller général Jean D'Aigneaux, avec qui il a de bonnes relations, qui présidait l'association du musée Airborne. En 2011, Marc Lefèvre, maire de Sainte-Mère et lui aussi conseiller général, lui a succédé, après une querelle entre les deux élus.
"J'ai le sentiment que l'on se sert de moi comme fusible, pour un réglement de compte entre messieurs D'Aigneaux et Lefèvre", a indiqué Patrick Bunel aux juges. "Il y a des inconscients qui font du jusqu'au boutisme politique quelles que soient les conséquences pour l'élan touristique de notre région" confie-t-il :
L'ancien directeur du musée Airborne devant le tribunal de Cherbourg
Tard dans la nuit, le Parquet a requis à l'encontre de Patrick Bunel 2 ans de prison avec sursis et mise à l'épreuve de 2 ans, une obligation de réparer les dommages auprès du musée et auprès d'un acheteur d'un des objets du musée, ainsi que 3000 euros d'amende. Pour celui qui est désormais le directeur du nouveau musée Normandy Tank Museum à Catz, près de Carentan, le parquet requiert aussi 3 ans d'interdiction d'exercer.
Pour l'un des revendeurs, installé à Sainte-Mère-Eglise, déjà condamné dans une affaire de trafic d'objets volés dans un musée du Morbihan, le parquet a requis 12 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois, une amende de 2000 euros et une obligation également de réparer les dommages. Enfin, pour les 3 derniers prévenus, la substitute du procureur a requis 4 à 8 mois de prison avec sursis simple ainsi que des amendes de 300 à 1000 euros.
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