"Quand je me suis lancé, en 1997, il y avait à Rouen une petite dizaine de bars ou de lieux de concerts accessibles à de petits groupes. Et pourtant, les musiciens regrettaient déjà le peu de scènes pour jouer. Imaginez aujourd’hui... Il y en a cinq, à peine”. Fabrice Barni, le fondateur et gérant de l’Emporium Galorium, rue Beauvoisine, l’un des derniers bars à concerts survivants, sait de quoi il parle. Deux fois par semaine environ, des groupes locaux, en majorité, mais également venus de toute la France ou d’Europe, se produisent entre les vieux murs de ce lieu nocturne atypique. Dans une ambiance intimiste, artistes et public sont nez-à-nez, se parlent, boivent des verre à la fin du concert. On vient y écouter du rock, du punk, de la folk ou encore des DJ sets.
Rouen, une ville frileuse pour la musique live ?
Le Zénith, le 106 ou encore le Trianon Transatlantique, dont la renommée n’est plus franchement à faire, semblent être les trois arbres cachant une bien maigre forêt. Celle des bars à concerts. Avec la fermeture, l’an passé, du Bateau Ivre, haut lieu de la vie musicale rouennaise, la nuit, durant des décennies, la capitale normande n’est plus une terre fertile pour les petits groupes locaux. Rennes, dont l’agglo est un peu plus peuplée que celle de Rouen, compte par exemple une vingtaine de bars à concerts. Les rouennais seraient-ils moins ouverts? “Heureusement, ici, nous pouvons compter sur les étudiants pour faire le plein du jeudi au samedi, mais dès qu’est programmé un groupe plus pointu, comme de la folk, on retrouve toujours le même petit noyau de passionnés, pas plus d’une centaine de personnes, note Fabrice Barni. Les Rouennais sont frileux et assez peu curieux, même si c’est toujours difficile de faire la comparaison avec d’autres villes”.
Des artistes très demandeurs
En amont, pourtant, la demande est très forte. De nombreux groupes amateurs ou “semi-pros” sont en quête permanente de scènes intimes et conviviales. Se frotter au public, de très près. “Avec internet, c’est jusqu’à 15 demandes par jour”, note le patron de “l’Empo” qui confie l’organisation des concerts à des associations et labels spécialisés tels que RockLove Asso, Ringwoods Records, Braincrushing ou We Are The Robot. Du côté de la place Saint-Marc, au Saxo, autre bar où la musique live est encore la bienvenue, les soirs de concerts, une petite foule se presse, à quelques centimètres des artistes, au fond de la salle. Les concerts plaisent, assurément. Idem aux 3 Pièces, à deux pas de la mairie, ou au très jazzy Chat Vert, rue de l’Ancienne Prison. Si la formule a du succès, il est permis de se demander pourquoi elle ne fait pas davantage d’émules. Trop de travail pour les gérants de bar? “C’est assez lourd à gérer, il faut jongler avec l’accueil d’un public nombreux, les dates annulées...” avance Fabrice Barni. Et pour les bars ne disposant pas de sous-sol, les plaintes du voisinage à cause du bruit pendent comme une épée de Damoclès.
Repères
Bar à concerts... L’Emporium Galorium : 151 rue Beauvoisine. Le Saxo : 11 place Saint-Marc. Le 3 Pièces : 49 place du Gal de Gaulle.
...suite Le Chat Vert (jazz) : 20 rue de l’Ancienne Prison. Le Shari Vari : 51 rue Saint-Nicolas. Le Nash : 97 rue Ecuyère. La Fabrik (soirées DJ) : espace des Marégraphes
Kalif. Ce n’est pas un bar, ni une grande salle, mais un haut lieu de la création musicale à Rouen. Le Kalif, route de Darnétal, est également un lieu prisé de concerts “intimistes”.
Eté. Organisées depuis 13 ans à Rouen, les concerts des Terrasses du jeudi attirent la foule dans les rues l’été. Preuve s’il en fallait qu’il existe bien un public d’amateurs.
La discothèque Le Crooner a saisi l’occasion
Depuis quelques mois, tous les jeudis, au Crooner, c’est concert live. Pouvant accueillir jusqu’à 500 personnes pour de tels événements, la boîte de nuit de l’ouest rouennais est ainsi devenue la plus grande des petites scènes de l’agglomération. Et la sauce n’a pas tardé à prendre. “Il y avait une forte demande des associations, en quête de lieux à grande capacité. Jacques Hupin (l’ancien patron de l’Exo7, la salle fermée en 2010, ndlr) m’a proposé de lancer l’idée, j’ai saisi l’occasion”, raconte Claude Hazout, le patron de la discothèque qui doit déménager en 2015 dans le Hangar 9.
En juin, les excellents DJ rouennais de Christine ont ainsi inauguré le nouveau cycle musical “live” au Crooner, suivi ensuite par quelques noms bien connus ici, comme Zikatatane ou la Sauce Balkanique. “Ce n’est pas évident de faire bouger les Rouennais mais on y croit. D’ailleurs, on est complet jusqu’en juin 2014 pour les concerts”.
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