Promenez-vous un soir de réveillon de Noël dans une rue rouennaise. Dans toutes les habitations, vous verrez les fenêtres allumées, devinerez la chaleur d’un repas en famille et, avec de l’imagination, vous sentirez le fumet d’une dinde dorée prête à être dégustée. Voilà pour l’image d’Epinal de Noël. Mais qu’en est-il pour les autres ? Ceux qui, loin de leur famille ou de leur pays devront faire sans le traditionnel réveillon familial. L’université de Rouen accueille en son sein de nombreux étudiants étrangers. Comment fêtent-ils Noël chez eux ? Et comment s’apprêtent-ils à le faire ici ?
Loin des yeux, loin du coeur ?
Il y a d’abord les deux Sénégalais, Mamadou Ka et Abdoul Sall, 23 ans tous les deux. Le premier est arrivé en France en août 2012, le second un mois plus tard. Le Sénégal est un pays laïque mais à grande majorité musulmane. Peu importe, pour Abdoul Sall : “Dans ma famille, nous fêtons Noël et les fêtes chrétiennes. On reçoit aussi des cadeaux. Parfois, nous étions plus de 20 chez une de mes tantes !” Chez Mamadou Ka aussi, Noël est un jour de fête : “C’est une fête réservée aux chrétiens mais bien souvent on est contents de la fêter avec eux, ils font de même pour nos fêtes”.
Mais loin de leurs familles, la question du réveillon se pose pour ces deux jeunes étudiants. Si Abdoul Sall a bien reçu une invitation de la résidence étudiante du Panorama pour une grande fête de Noël, il hésite encore : “Je ne me suis pas encore inscrit, je ne sais pas encore si je vais y aller, si cela va me plaire.” Mamadou Ka est déjà fixé pour le 24 au soir: “Je ne peux pas revenir dans ma famille car je n’ai pas obtenu de titre de séjour. Donc je vais sûrement être seul cette année mais je vais faire le minimum, aller à Carrefour acheter un poulet et préparer du maffé, un plat sénégalais à base de pâte d’arachides. Parce que je suis un très bon cuisinier !”
Gagny Doucouré est un Franco-Malien de 24 ans arrivé il y a six ans en France. Il se rappelle de son premier soir de Noël en France: il n’avait pas rien fêté. “C’était très dépaysant.” Depuis, Gagny Doucouré s’est bien intégré à la famille étudiante rouennaise. Président de l’Association des Etudiants Résidents Rouennais, il organise un Noël pour tous ceux qui ne peuvent le passer en famille. “Il y aura la même déco, un repas, des jeux et même un Père Noël pour les cadeaux”, sourit-il. Une façon de retrouver un peu de son Mali, où “certaines familles comme la mienne fêtent Noël, d’autres pas.”
La donne est un peu différente pour Ibrahima Sidibé, un Guinéen de 27 ans arrivé à Rouen en 2008 : “On ne fête quasiment pas Noël chez nous sauf si l’on répond à l’invitation de ceux qui le fêtent. Mais ici, je le fête car je me dois de remercier l’université de Rouen qui invite ceux qui n’ont pas la possibilité de rejoindre leur famille. Il n’y aura pas de cadeaux mais j’apporterai à manger.” En Afrique comme en France, ces étudiants internationaux continuent donc à donner au 24 décembre une importance particulière. Nul doute que lorsque des promeneurs s’attarderont dans les rues le 24 décembre au soir, ils devineront la même chaleur à travers les fenêtres des résidences étudiantes.
Repères
Etudiants. La résidence étudiante du Panorama propose une grande fête pour le réveillon de Noël, le 24 décembre au soir, spécialement pour les étudiants étrangers loin de leur famille. Inscription obligatoire.
Afrique. Les quatre étudiants interviewés sont natifs de pays où l’islam est la religion majoritaire, devant le christianisme. Pour Noël, on oublie cela, tout le monde est de la partie.
Retour. Pour ces étudiants, il est souvent impossible de retourner dans leurs foyers en fin d’année. Ibrahima l’a fait deux fois. Il lui en a coûté près de 1000 € aller-retour. Mamadou, lui, n’a pas obtenu de titre de séjour.
Gastronomie. La traditionnelle bûche de Noël semble avoir traversé les frontières. Abdoul Sall s’en souvient encore. Mais pour Mamadou Ka, un réveillon sans un maffé sénégalais, impossible !
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