"Depuis deux ou trois ans, l'organisation, les autorisations, le paiement : tout se fait en ligne", observe Philippe Martineau, directeur général du deuxième opérateur français en parts de marché (10%), Le Choix Funéraire.
Chez ce réseau de commerçants indépendants du funéraire, qui regroupe 700 points de vente pour un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros, "10% des magasins ne présentent déjà plus les cercueils aux familles de façon traditionnelle mais sur écran", confie M. Martineau à l'AFP.
Selon lui, les professionnels "quittent la logique de vente de produits pour une logique de vente de services".
Son entreprise est en train de développer une liste obsèques sur le modèle des listes de mariage en ligne "pour éviter des achats inutiles". L'entourage pourra choisir de faire un don "par exemple à un projet associatif ou à la recherche médicale" chers au défunt, selon M. Martineau.
Et pour les proches qui ne peuvent pas se déplacer, les funérailles peuvent être diffusées en streaming et gravées sur CDRom: "récemment, on a obtenu d'un prêtre de retransmettre une cérémonie en direct au Togo". La retransmission est assurée grâce à une caméra, qui peut zoomer et pivoter. Il suffit de se connecter à un serveur sécurisé via un code d'accès.
Selon la société spécialisée Afterweb Venture, le nombre d'agences de pompes funèbres qui proposent les funérailles en direct atteindra la trentaine d'ici la fin de l'année.
Les moyens d'immortaliser les souvenirs du défunt se multiplient : le "cybercimetière" permet de se recueillir en ligne, poster des messages et des albums photos pour honorer la mémoire de la personne disparue.
QR code sur pierre tombale
Quant à la sépulture connectée, dotée d'un code QR (Quick Response), elle permet aux proches d'accéder, à l'aide d'une application téléchargée sur smartphone, à un florilège en photos-vidéos, textes et musiques de la vie du défunt.
Le coût moyen de la diffusion des funérailles en streaming s'élève à 250 euros tandis qu'avoir recours au code QR sur une tombe varie entre 100 et 150 euros. Le prix d'un cimetière virtuel oscille entre 50 et 200 euros par an, selon le comparateur assurance obsèques Zen-Obseques.fr.
En temps de pouvoir d'achat en berne, le web permet de réduire les frais des obsèques grâce à la concurrence et fait aussi évoluer le métier des opérateurs funéraires en les privant d'une relation directe au client.
Pour le concessionnaire niçois Franck Andrio, internet "permet d'élargir notre champ d'action auprès d'une clientèle éloignée" et par conséquent d'augmenter le chiffre d'affaires.
"Sur 15 décès effectués par EcoPlus Funéraire (segment low-cost), la moitié a été réalisée grâce au site internet", confie-t-il à l'AFP.
Il faut compter 3.500 euros en moyenne pour des obsèques en France tandis que le montant du premier prix lowcost d'EcoPlus Funéraire s'élève à 1.250 euros.
"On perd peut-être dans le panier moyen car il n'est pas possible de faire monter en gamme" le client sur internet, en l'absence du rapport de proximité avec les opérateurs, reconnaît de son côté M. Martineau.
Mais, selon lui, ce léger manque à gagner tend à être compensé par le marché de la prévoyance.
La part des contrats obsèques en prestation, qui règlent à l'avance tous les détails des obsèques "est passée de 19% en 2009 à 26% en 2011", indique Le Choix Funéraire, qui devient "éxécutant pour comptes de tiers" de ces contrats souscrits auprès des assureurs ou des opérateurs des pompes funèbres.
Quoi qu'il en soit, l'activité des professionnels des services funéraires progressera de 3,2% en moyenne par an d'ici à 2015, sous l'effet de l'augmentation de la mortalité, estime une étude Xerfi-Precepta de septembre.
La rentabilité des capitaux engagés (ROCE) devrait franchir la barre de 14% l'an prochain.
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