Comment vous est venue l'idée de ce livre ?
J'ai écrit des dizaines de papiers sur la crise. Mais cette fois, j'avais envie de l'appréhender d'une manière différente. Je voulais voir la crise à hauteur d'hommes et de femmes, partager un quotidien.
Pourquoi avoir choisi la Normandie et Caen ?
Caen me semblait une ville idéale, ni trop grande ni trop petite. La France de tout le monde en quelque sorte. En plus, c'était une région que je ne connaissais pas du tout. Je ne risquais donc pas de croiser des personnes connues.
Avez-vous été surprise par ce que vous avez vu ?
On croit savoir ce qu'est le travail, la précarité en France mais, en fait, il faut le vivre pour vraiment s'en rendre compte.
Qu'est-ce qui a été le plus dur durant ces six mois ?
Trouver du travail. J'étais naïve en me disant que j'y arriverais plus vite que les autres. J'ai mis un mois et demi pour réussir à décrocher deux heures de ménage.
Qu'est-ce qui vous a choqué ?
Cette précarité. Le fait qu'on ne cherche plus du travail mais des heures, le fait d'avoir jusqu'à cinq employeurs... Aujourd'hui, le travail précaire représente 20 % des emplois. Il ne représentait que 5% au début des années 80. La précarité s'accélère. Il est temps de s'interroger sur la société.
Pourquoi êtes-vous critique avec Pôle emploi ?
Je suis critique vis-à-vis de son fonctionnement. Vous attendez autre chose d'un organisme qui est censé faire du social et, au final, est davantage préoccupé par la gestion des flux ou les statistiques du chômage.
Etes-vous retournée voir vos anciennes collègues ?
Bien sûr. Je n'en menais pas large quand je suis allée les revoir. J'ai été bien accueillie. Je suis, du reste, toujours en contact avec une partie d'entre elles. Ce sont vraiment des personnes qui me sont chères. Je sais que je peux compter sur elles et inversement.
Qu'ont-elles pensé de votre livre ?
La plupart ont compris que je n'avais fait cela ni par malveillance, ni pour les arnaquer, mais pour décrire un système. Certaines m'ont remerciée car elles ont le sentiment que je leur ai donné une dignité. D'autres m'ont reproché de les avoir traitées de précaire : Tu nous traites comme des SDF ou des marginales alors que nous sommes des femmes normales. Malheureusement, elles ont raison. Le travail précaire n'est plus quelque chose d'anormal. C'est devenu la normalité.
Benoît Villeneuve
Une vie, six dates
1961. Naissance le 6 février à Bruxelles
1984. Diplôme de journalisme (CFJ)
1986. Grand reporter à Libération puis au Nouvel Observateur.
2005. Enlevée à Bagdad, retenu otage six mois.
2009. S'installe à Caen pour six mois.
2010. Publication du livre Le quai de Ouistreham.
J'ai écrit des dizaines de papiers sur la crise. Mais cette fois, j'avais envie de l'appréhender d'une manière différente. Je voulais voir la crise à hauteur d'hommes et de femmes, partager un quotidien.
Pourquoi avoir choisi la Normandie et Caen ?
Caen me semblait une ville idéale, ni trop grande ni trop petite. La France de tout le monde en quelque sorte. En plus, c'était une région que je ne connaissais pas du tout. Je ne risquais donc pas de croiser des personnes connues.
Avez-vous été surprise par ce que vous avez vu ?
On croit savoir ce qu'est le travail, la précarité en France mais, en fait, il faut le vivre pour vraiment s'en rendre compte.
Qu'est-ce qui a été le plus dur durant ces six mois ?
Trouver du travail. J'étais naïve en me disant que j'y arriverais plus vite que les autres. J'ai mis un mois et demi pour réussir à décrocher deux heures de ménage.
Qu'est-ce qui vous a choqué ?
Cette précarité. Le fait qu'on ne cherche plus du travail mais des heures, le fait d'avoir jusqu'à cinq employeurs... Aujourd'hui, le travail précaire représente 20 % des emplois. Il ne représentait que 5% au début des années 80. La précarité s'accélère. Il est temps de s'interroger sur la société.
Pourquoi êtes-vous critique avec Pôle emploi ?
Je suis critique vis-à-vis de son fonctionnement. Vous attendez autre chose d'un organisme qui est censé faire du social et, au final, est davantage préoccupé par la gestion des flux ou les statistiques du chômage.
Etes-vous retournée voir vos anciennes collègues ?
Bien sûr. Je n'en menais pas large quand je suis allée les revoir. J'ai été bien accueillie. Je suis, du reste, toujours en contact avec une partie d'entre elles. Ce sont vraiment des personnes qui me sont chères. Je sais que je peux compter sur elles et inversement.
Qu'ont-elles pensé de votre livre ?
La plupart ont compris que je n'avais fait cela ni par malveillance, ni pour les arnaquer, mais pour décrire un système. Certaines m'ont remerciée car elles ont le sentiment que je leur ai donné une dignité. D'autres m'ont reproché de les avoir traitées de précaire : Tu nous traites comme des SDF ou des marginales alors que nous sommes des femmes normales. Malheureusement, elles ont raison. Le travail précaire n'est plus quelque chose d'anormal. C'est devenu la normalité.
Benoît Villeneuve
Une vie, six dates
1961. Naissance le 6 février à Bruxelles
1984. Diplôme de journalisme (CFJ)
1986. Grand reporter à Libération puis au Nouvel Observateur.
2005. Enlevée à Bagdad, retenu otage six mois.
2009. S'installe à Caen pour six mois.
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