Tout au bout de la rue Gaston Lamy, un axe peu fréquenté de la presqu'île de Caen, de grandes lettres bleues identifient les Dépôts de pétrole côtiers, et renseignent le passant sur la fonction de ces grandes cuves et de cette forêt de tuyaux, bien visibles en contrebas du viaduc de Calix. C'est là que j'ai rendez-vous. Carte d'identité et carte de presse en main, je sonne à l'interphone, et dois, pour être autorisé à pénétrer dans l'enceinte, éteindre mon téléphone. Partout, des pancartes précisent "Défense de fumer" et localisent les "Accès pompiers". Sur ce site industriel de Mondeville classé "Seveso", c'est-à-dire présentant un potentiel de risque élevé, les mesures de précaution à respecter ne sont pas prises à la légère, et sont en constante évolution.
Un stock de 60 000 m3 d'hydrocarbures
Si le site est si bien règlementé, c'est qu'il peut permettre de stocker jusqu'à 59 000 m3 de carburants, répartis dans une vingtaine de cuves de taille différente : de quoi approvisionner les pompes de toute la Basse-Normandie, et une partie de la Bretagne comme de la Haute-Normandie. "Nous sommes en quelque sorte une très grosse station service", illustre le chef du dépôt de Mondeville, Marc Lhonoré. "Les produits, une majorité de gasoil (65%), ainsi que de l'essence, sont acheminés par pipe-lines, ces canalisations souterraines, depuis des raffineries du Havre. Nous nous chargeons uniquement de leur entreposage et aucune transformation n'a lieu sur le site." Chaque jour, de 150 à 200 chauffeurs de camions-citerne doivent montrer patte blanche pour franchir les portails du dépôt et charger eux-mêmes le précieux liquide, éventuellement enrichi d'additifs, depuis la plateforme d'avitaillement. 60% d'entre eux iront ensuite alimenter la grande distribution, le reste rejoindra les stations de marques pétrolières.
"Nous envisageons toute éventualité"
D'ici décembre, la direction présentera, comme il est imposé tous les 5 ans, les résultats de son "étude de danger". "Elle nous fait envisager tous les scénarios d'accidents possibles, depuis la fuite d'une cuve d'hydrocarbures jusqu'à l'éventualité d'une chute d'un poids lourd depuis le viaduc de Calix", explique Marc Richomme, le responsable hygiène, sécurité et environnement. De larges cuvettes de rétention en béton entourent chaque cuve pour prévenir les conséquences d'une éventuelle fuite. Le deuxième cas évoqué n'a lui pas lieu de se produire : l'expertise conclut qu'il est impossible pour un véhicule d'atteindre les installations, compte tenu de la distance séparant le viaduc des cuves. Un plan de prévention des risques technologiques est aussi en cours d'élaboration : il envisage les possibles répercussions d'un incident sur son proche environnement, et détermine en conséquence l'urbanisation future de la zone concernée.
Régulièrement, des scénarios de crise sont aussi simulés en collaboration avec des équipes de pompiers. "Notre enjeu, c'est la pérennité du site. Et celle-ci passe par la sécurité. Nous n'avons jamais connu d'incident lié à la structure, et le dernier accident du travail remonte à 8 ans." Un résultat qui a un coût : chaque année, les Dépôts de pétrole côtier investissent 1 à 2 millions d'euros pour améliorer les dispositifs de contrôle et adapter la formation du personnel aux dernières techniques en vigueur.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.