Malgré son passé artistique prestigieux, Jeff Mills est un homme discret, à la parole mesurée, chez qui seule une petite mèche blanche au-dessus du visage, associée à une silhouette d'étudiant, trahit la jeune cinquantaine.
Ce pilier de la musique techno rencontre le succès dès les années 1990 avec sa marque de fabrique mêlant funk et soul aux musiques électroniques. Il assoit progressivement sa notoriété en arpentant l'Europe des raves dans les années 1990. Mais il éprouve bientôt la nécessité de s'affranchir de frontières devenues trop contraignantes pour lui.
A partir des années 2000, Jeff Mills opère un virage, rompant avec son statut de DJ à succès - "uniquement avec platines et sans ordinateur", précise-t-il - pour explorer de nouveaux territoires, avec l'introduction progressive dans son oeuvre de la vidéo.
Cet architecte de formation "est quelqu'un qui cherche, qui est d'abord un créateur; ça l'intéresse davantage de créer que de reproduire des oeuvres", explique Nathalie Vallois, qui représente Mills à Paris où elle tient une galerie.
En 2005, Mills compose une nouvelle bande son pour "Les Trois Ages" ("Three Ages") de Buster Keaton, suivie d'une tournée mondiale durant laquelle il présente ses nouvelles orientations artistiques, associant musique et image.
Dans une quête permanente d'utopie, du futur, ou encore d'une science-fiction dépassée par la réalité, Jeff Mills, qui s'avoue fasciné par "2001, l'odyssée de l'espace" de Stanley Kubrick (1968), rencontre en 2012 l'astronaute japonais Mamoru Mohri. Ce dernier, vingt ans plus tôt, a effectué un premier vol dans la navette Endeavour. De cette rencontre à Tokyo est née la création qui sera présentée pour la première fois au public à Saint-Brieuc le 18 octobre, "Where Light Ends" ("Où se finit la lumière").
Vol spatial
La bande son, développe Jeff Mills, se réfère aux différentes étapes d'un vol spatial, à partir du récit de Mamoru Mohri: avant le lancement, le décollage, l'observation de l'environnement une fois dans l'espace, les diverses expériences durant le vol et le retour sur terre.
"L'obscurité de l'espace est l'endroit où la lumière du soleil se termine", a expliqué l'astronaute à l'artiste américain. "C'est ce commentaire - où se finit la lumière - qui a inspiré le titre de cette création", énonce l'artiste à Saint-Brieuc.
"Je suis un DJ et un musicien. Les musiciens se posent très peu la question du pourquoi ils font certaines choses. Pour moi, dans ce projet, ce qui m'intéresse, c'est comment le public va le recevoir, est-ce que les spectateurs vont arriver dans l'espace", s'interroge Jeff Mills.
Pour cette création musique et vidéo, tout s'est mis en place très rapidement, raconte Alex Broutard, le directeur de la Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc: "J'ai voulu le programmer. Il nous a parlé de son souhait de monter une création à partir de ses entretiens avec Mohri, mais une création avec un orchestre symphonique".
"J'ai immédiatement pensé à l'Orchestre symphonique de Bretagne qui se renouvelle énormément ces derniers temps. Son administrateur général, Marc Feldman, Américain lui aussi, m'a tout de suite répondu oui. C'était parti".
Cadeau supplémentaire: Jeff Mills présente également à la Passerelle une installation/exposition originale sur le concept de la force centrifuge. Une "situation sculpturale" dans laquelle le spectateur sera invité à déambuler.
"Where Light Ends", création musicale de Jeff Mills, orchestration Sylvain Griotto, interprétée par l'Orchestre symphonique de Bretagne et Jeff Mills, sous la direction de Darrell Ang, vendredi 18 octobre à Saint-Brieuc, samedi 19 à Rennes.
"Centrifugal forces", installation de Jeff Mills, du 5 octobre au 8 novembre, à Saint-Brieuc.
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