Les fiers platanes des quais hauts rive droite ? Les gros tilleuls des boulevards ? Ils vivent sans aucun doute leurs dernières années. Les marronniers, eux, victimes de parasites, devraient, à terme, tous disparaître. Problème : à chaque fois que la Ville de Rouen fait chanter les tronçonneuses, de nombreux riverains s’émeuvent de voir ce patrimoine arboré réduit à néant en quelques minutes.
140 arbres abattus en 2013, 261 replantés
Qu’on les accepte ou pas, plusieurs raisons justifient les abattages. “Sur les 18 500 arbres du domaine public, à Rouen, seuls 60 à 70 % arriveront à maturité, soit 60 ans en ville, développe Jézabel Saumur, gestionnaire du patrimoine arboré municipal. Le sol est tellement pauvre, l’atmosphère polluée, l’élagage fréquent, qu’ils sont très stressés et développent des maladies”. Affaiblis, ils peuvent devenir des dangers pour la population. Et trop grands, ils cachent la lumière dans certains appartements (ce que certains riverains ne manquent pas d’exprimer à la mairie). “Les arbres on les aime, mais rarement devant chez soi” : l’inévitable dilemme.
Des arbres plus petits et plus résistants
Dans l’idéal, selon les services de la Ville, Rouen devrait remplacer 315 arbres tous les ans. Le compte n’y est pas. En 2013, 140 sont abattus (pour 261 replantés). En 2012, ils n’étaient que 89 (96 replantés) et 65 en 2011 (68 replantés). Pour autant, comme on le constate, la Ville replante généralement plus qu’elle n’abat, même si Jézabel Saumur reconnaît “qu’il n’y a plus de place en centre-ville”. A Rouen, 125 genres d’arbres différents cohabitent. Si le règne des “grands” (platanes, tilleuls ou marronniers) touche à sa fin, ceux-ci sont remplacés par des arbres plus petits car “plus en phase avec le bâti”, plus résistants, et par davantage de variétés afin de limiter les dégâts d’éventuelles maladies. “Les platanes risquent d’être prochainement touchés par le chancre coloré qui fait déjà des ravages dans le sud de la France, notamment au bord du canal du Midi. D’où l’intérêt de multiplier les essences”. Les prunus umineko, chênes écarlates, tulipiers de Virginie, métaséquoïas ou arbres à pochettes remplacent ainsi, peu à peu, nos traditionnels arbres des villes.
La municipalité a conscience de l’importance de la verdure en ville, même si Rouen n’est pas la mieux dotée de France en la matière, et tente à petites touches d’améliorer la situation. Depuis 2008, ce sont ainsi 83 500 m2 d’espaces verts supplémentaires qui ont vu le jour, un chiffre néanmoins gonflé par la création du vaste parc paysager sur la presqu’île Rollet. “Les arbres sont indispensables en ville. Ils filtrent l’air, captent les eaux de pluie et agrémentent le paysage”, rappelle Jézabel Saumur. Il faudra juste se faire à l’idée de voir tomber les grands.
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