15h, ce jeudi d’automne. Un ciel de plomb domine le terminal des ferries de Caen-Ouistreham. Un géant d’acier blanc en provenance de Portsmouth fend une mer agitée et s’apprête à s’amarrer au quai. La manœuvre est lente et toute en souplesse. En quelques minutes, le Mont Saint-Michel, navire de la compagnie maritime Brittany Ferries, s’immobilise le long du quai.
Alors que les premiers passagers débarquent, un chronomètre est dans toutes les têtes du personnel . “Une escale dure une heure et demie. Mais il ne se passe que vingt minutes entre le débarquement du dernier passager et l’embarquement du premier de la suivante”, explique Eric Dabout, responsable du site de Ouistreham.
Des traversées de six heures
A terre, les équipes de nettoyage, parées de gilets jaunes fluorescents, entrent en scène. Il n’y a pas un instant à perdre. Il faut changer le linge des 224 cabines, vider les corbeilles, faire disparaître le moindre détritus, passer l’aspirateur, puis la serpillière... “Le ménage, c’est la seule activité que nous sous-traitons”, précise Gilles Bidamant, directeur des escales françaises de Brittany Ferries. “Pour le reste, tout se fait simultanément”, poursuit-il.
A l’extérieur, le spreader, cette grue géante qui permet la manutention de conteneurs, se met en branle. Jusqu’à huit d’entre eux peuvent être chargés à la fois sur un navire. A l’intérieur, de quoi faire vivre le bâtiment en quantité suffisante, ni trop peu, juste ce qu’il faut, car il n’y a pas la place pour stocker : serviettes, gobelets et savons pour les cabines, nourriture pour les cuisines, parfums, alcools et souvenirs pour les boutiques... L’ensemble doit être acheminé “sans que les passagers n’aient vu la moindre marchandise transiter dans les coursives”, précise Christian Lagadec, responsable de l’avitaillement. Dans les cales, l’activité, au cœur d’une multitude de compartiments étanches, demeure sereine. Sur ce type de navire, les systèmes de suppléance sont en effet nombreux. “Tout est quasiment en double, voir en triple. Parfois en quadruple” ! note Luc Meyrand, ingénieur d’armement. “Ce qui permet au navire d’effectuer sa traversée même lorsqu’une machine tombe en panne”. L’entretien est clairement préventif, et des arrêts techniques sont obligatoires tous les deux ans en cale sèche. “Ils durent en principe quatre semaines. Mais notre objectif est d’immobiliser le moins longtemps possible le navire”, souligne Gilles Bidamant.
A bord du Mont Saint-Michel, tandis que les passagers piétons prennent leurs quartiers, les voitures et les camions pénètrent dans le ventre du navire. Le moindre grain de sable dans cette organisation bien huilée n’est pas permis. L’heure du départ a sonné pour une nouvelle rotation du géant flottant de onze étages. Dans moins de sept heures, il atteindra le sud de l’Angleterre.
REPERES
Fréquentation En 2012, 935 000 passagers et 120 000 camions ont emprunté la liaison transmanche Ouistreham-Portsmouth.
Capacité Le terminal de Ouistreham accueille deux navires de Brittany Ferries : le Mont Saint-Michel et le Normandie. Capacité : 2 200 passagers chacun.
Traversées Trois traversées sont effectuées chaque jour en moyenne, sauf le mercredi en été et le vendredi en hiver. Une traversée de jour dure six heures.
Sept jours A bord, quelle que soit leur fonction, les membres d’équipage embarquent pour une durée de sept jours. Toujours suivis d’une semaine de repos.
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