Dans le sport de haut niveau, l’argent roi dicte bien souvent sa loi. Il n’est pas de petit budget qui fasse sensation. Et quand exception il y a, elle confirme la règle. Jean-Marc Soghomonian, le président des Drakkars de Caen, estime qu’avec 350 000 € de plus dans son budget proche du million, ses hockeyeurs figureraient dans le top 5 de l’élite nationale. Ils luttent aujourd’hui pour leur maintien. "Nous compterions alors des cadres plus expérimentés, mais il nous faudrait verser au moins 4 000 € de salaire mensuel, alors que notre limite est à 1 800 aujourd’hui".
Au Stade Malherbe, les primes doublent les salaires
Pour jouer dans la cour des grands du football français et prétendre au top 5, le Stade Malherbe aurait besoin de son côté de gonfler son budget de 13,5 à 50 millions. A la lecture des indemnités reversées par les droits télévisés perçus par les clubs chaque année, rien ne semble impossible. Saint-Etienne, qui termina le dernier championnat de Ligue 1 à la cinquième place en mai dernier, récolta ainsi 30,5 millions d’euros. Dans le même temps, le SMC en récupérait un peu moins de 5 millions pour ses prestations en Ligue 2.
Pour l’heure, si le club ne parvient pas à rejoindre l’élite à l’issue de la saison en cours, "la masse salariale chutera encore significativement", prévient Alain Caveglia, le directeur sportif qui préfère rester vague sur les chiffres. "A Malherbe, il n’y a pas de joueurs à plus de 15 000 € par mois", assure le président Jean-François Fortin, très loin des 100 000 € mensuels touchés par l’attaquant Pierre-Alain Frau lors de la saison 2011-2012. Des primes de résultat, de qualification, de classement et d’intéressement, individuelles et-ou collectives, viennent a minima doubler les salaires, selon un ancien joueur. La charte du football de 2012 indique que le revenu minimum pour un premier contrat professionnel est de 2 170 €.
Les mal payés des autres clubs
A l’autre bout de l’échelle, les dirigeants de l’Ovalie cannaise n’ont pas besoin de passer beaucoup de temps dans les cahiers de comptabilité. "Nous n’avons pas une seule joueuse sous contrat pro", affirme la présidente Nadège Labbey, dont le budget dépend à 95% de subventions publiques. Un paradoxe : l’Ovalie est le club de Caen la mer à avoir accompli la plus belle saison l’an passé au sein de l’élite de son sport, en s’offrant une demi-finale de championnat de France.
Mais dans les clubs amateurs, certains joueurs peuvent être dotés d’un contrat professionnel ou apparenté. Dans l’équipe première du Caen Basket Calvados, qui évolue au quatrième niveau national, neuf joueurs sont rémunérés, avec une première feuille de paie affichant 200 € par mois, contre 2 500 € pour le salaire le plus élevé, bien loin des 770 000 € mensuels de Nicolas Batum à Portland, en NBA, nouveau parrain du club caennais.
Le Caen Handball est le club de l’agglomération dont le budget a le plus progressé ces dernières années, passant de 65 000 € en 2008 à 350 000 aujourd’hui. En hockey sur glace Nationale 1, niveau auquel évolue les Vikings, la moyenne des salaires des joueurs pro est de 1 400 € net par mois. "A Caen, seule une personne est dans ce cas", précise Thomas Lamora, président. "Trois autres personnes sont à la fois payées pour leur prestation sportive, mais aussi pour leur rôle dans le club".
Un régime que connaît bien Jimmy Devaux, salarié au Caen Tennis de Table Club qui vient de retrouver l’élite. Les trois titulaires de l’équipe gagnent entre 1 150 et 1 300 € mensuels. "50 000 € changeraient bien des choses", conclut Xavier Renouvin, leur entraîneur.
Les oubliés
Les rugbywomen de l’Ovalie ne sont pas les seules à avoir signé de belles performances dans leur sport sans percevoir de salaire. Le pilote mondevillais, Pierre Ragues, champion du monde d’endurance au début du mois, assure "courir uniquement par passion. En début de saison, j’ai une aide du Conseil général, alors que je ne reçois rien de la Fédération du sport auto qui investit surtout pour aider des pilotes à accéder à la formule 1. J’espère juste qu’un jour, mes performances me permettront de ne plus avoir à payer pour courir".
Il en va de même pour Fabien Guérineau, du Caen Triathlon, qui dispute ce samedi 12 octobre l’Ironman d’Hawaï. Il finance lui-même son déplacement pour rejoindre la crème mondiale de sa discipline. Côté tennis, le Caennais Jules Marie, n°37 français, doit souvent mettre la main au portefeuille pour participer aux différents tournois. Les gains récoltés amortissent en partie ses frais de déplacements.
Repères
Salaires > Les salaires mensuels les plus élevés par club : 15 000 € au Stade Malherbe, 3 300 € à l’USO Mondeville (basket féminin), 2 500 € au Caen Basket Calvados, 1 800 € au Hockey club de Caen, 1 400 € au Caen Handball.
Budgets > 13,5 millions d’euros pour Malherbe, 1,3 pour l’USO Mondeville, 0,95 pour le Hockey club de Caen, 0,5 pour le Caen Basket Calvados, 0,35 pour le Caen Handball, 0,3 pour le Caen tennis de table club.
Elite > L’agglomération compte quatre équipes à évoluer dans l’élite nationale de leur sport : les rugbywomen de l’Ovalie, les Drakkars du Hockey club de Caen, les basketteuses de l’USO Mondeville et les pongistes du Caen tennis de table club.
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