Dominique Gambier connaît les rivières comme sa poche. Maire de Déville-lès-Rouen depuis 1995, il est aussi le président du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) du Cailly-Aubette-Robec, les trois rivières “urbaines” de l’agglomération.
Protéger et valoriser ces cours d’eau délicats est devenu pour lui un vrai combat. “C’est quand même une chance extraordinaire d’avoir des rivières comme celles-là en plein cœur de sa ville”, s’enthousiasme-t-il en nous faisant découvrir au plus près le Cailly et son affluent, la Clairette.
Ces anciennes “artères” industrielles
A Déville, cela fait des années qu’une promenade a vu le jour sur une grande partie du Cailly. “Vous verriez ça, le week-end, le nombre de promeneurs !” s’exclame le maire. L’eau claire s’écoule à bonne allure, direction la Seine. Des canards s’ébrouent et des anguilles, paraît-il, sont même de retour à certains moments de l’année. Dire que jadis, le Cailly “servait de force énergétique pour les usines de l’industrie textile... et de tout-à-l’égoût”. Au XIXe siècle, les trois rivières rouennaises permirent l’essor de l’industrie. Aujourd’hui, la page est tournée et les cours d’eau deviennent, année après année, de formidables trésors dans la ville.
Dominique Gambier n’entend pas s’arrêter là. En aval, près de Canteleu et Rouen, il imagine la création d’une promenade en sous-bois. A terme, son idée est “de créer un chemin discontinu, le long de la rivière, jusqu’à la Seine”. Le prochain Schéma d’aménagement, qui sera adopté début 2014, devrait d’ailleurs déboucher sur un chantier complexe mais très attendu, celui consistant à “déterrer” le Cailly (il passe dans une canalisation avant de se jeter dans le fleuve) sous le Marché d’intérêt national, au nom de la protection de la ressource aquatique, chère à l’Europe.
L’Aubette revit
Plus à l’est, à Rouen, si les bords du Robec forment déjà un merveilleux cadre de promenade, c’est désormais l’Aubette qui ressuscite. En face de la faculté de médecine, la construction de la ZAC Aubette-Martainville permet à la Crea de revaloriser le cours d’eau, négligé jusqu’alors derrière de hauts murs en briques. Sur 250 mètres, une superbe berge en pente douce, végétalisée, voit le jour devant les immeubles en construction. “Nous passons d’une friche industrielle à un aménagement paysager et naturel ambitieux”, se réjouit Valérie Jovelin, responsable du service “bassins et rivières” à la communauté d’agglomération. En apportant une touche unique dans un quartier en pleine éclosion.
Si son état écologique laisse encore à désirer, l’Aubette est au cœur de toutes les attentions. En amont, dans le site naturel humide de Repainville, la Ville de Rouen s’active elle aussi pour améliorer la qualité du ru. “C’est une priorité de la municipalité”, assure Florence Hérouin-Léautey, maire-adjointe en charge de la zone. Et il s’agit du chantier qui prendra le plus de temps : chasser la pollution et les obstacles afin de permettre le retour d’une faune et d’une flore variées.
L’entretien des cours d’eau, tâche délicate
Les curages drastiques ou les focardages à blanc (coupe totale des végétaux aquatiques), autant de termes aux sonorités inquiétantes désormais bannis lors de l’entretien des rivières. D’ailleurs, pour éviter de menacer les fragiles faune et flore des rivières, la Crea a pris les choses en main. Officiellement, les trois rivières n’étant pas domaniales, c’est à chaque riverain de s’occuper de son entretien le long de sa propriété. Or, “les propriétaires sont souvent démunis face à la technicité de cette tâche”, admet la Crea.
Outre le Cailly, le Robec et la Clairette, la communauté d’agglomération a pris à sa charge l’entretien du Becquet (Belbeuf, Saint-Adrien) et de la rivière de Moulineaux.
Outre le nettoyage et les actions permettant l’écoulement naturel des eaux, la Crea oriente également les propriétaires vers l’aménagement de berges végétales, moins coûteuses à entretenir et plus respectueuses de l’écosystème.
Rouen. La ville est traversée par le Cailly sur 700 mètres et par l’Aubette et le Robec sur environ 3 000 mètres. Pour rappel, la Seine, à Rouen, c’est 7 000 mètres de long.
Cailly. Longue de 29,3 km, la plus importante rivière de l’agglomération de Rouen prend sa source à Cailly, entre Buchy et Clères. Il se jette dans le bassin Saint-Gervais.
Robec. Long de 9 km, il se jette dans la Seine en face de l’île Lacroix. Contrairement à ce que laisse penser le nom de la rue Eau-de-Robec, il ne passe plus dans ni sous le centre.
Aubette. La plus petite des trois rivières rouennaises (6 km de long) prend sa source à Saint-Aubin-Epinay. Elle se jette, avec le Robec, dans la Seine.
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