Côté face, c’est un vaste jardin verdoyant de 8 hectares, en plein cœur de Rouen. Un endroit où les familles sont nombreuses à s’y rendre lorsque le beau temps est de la partie.
Côté pile, que le public ne soupçonne guère, c’est un lieu de recherches scientifiques et de conservation. Un muséum version végétale. Car bien plus qu’un lieu de promenade, le Jardin des plantes est avant tout un centre universitaire dédié aux recherches scientifiques.
Espèces rares
Lorsque les premiers jardins furent créés, au XVIIe siècle, ils sont privés et beaucoup moins vaste qu’aujourd’hui. Sa taille actuelle, le Jardin des plantes l’a acquise au XIXe siècle. C’est à cette époque qu’il est cédé à la Ville de Rouen et commence à jouer son rôle actuel. “Nous avons un rôle important pour la conservation du patrimoine naturel et végétal. Celui-ci raconte l’histoire des espèces mais aussi l’histoire humaine derrière”, souligne Julien Goossens, directeur du Jardin des plantes. Les grandes collections de plantes qui y sont conservées font partie de ce patrimoine. Elles sont nées au moment de la création du Jardin. “Rouen est une ville portuaire : les navires de commerce rapportaient dans leurs cales de nombreuses plantes encore méconnues”.
Depuis 2004, l’institution fait partie des jardins botaniques de France et des pays francophones. “En entrant dans ce réseau, le Jardin des plantes s’est engagé à protéger ses collections”. Arbres fruitiers, fleurs et plantes sont conservées ici avec autant de soin que des toiles dans un musée.
A Rouen, il dispose de grandes collections : celle des orchidées, avec ses 350 espèces, est l’une des plus belles de France. Rouen est aussi connue pour sa grande collection de fuschias - aujourd’hui en quarantaine à cause d’un acarien - qui regroupe plus de 900 variétés. Le Jardin des plantes renferme aussi une collection d’iris hémérocalles, ainsi qu’une belle collection de dalhias.
Son rôle de préservation, le Jardin le joue également à travers le verger conservatoire. “Nous y entretenons des variétés de pommes et de poires très anciennes, dont certaines remontent au XVIe siècle”. Pourquoi à Rouen ? “De nombreuses variétés ont été créées en Normandie à partir d’une souche commune”.
Les fleurs aux mille couleurs et les arbres centenaires ne sont pas ce qui intéressent le plus les scientifiques. Ce qui mobilise leur attention ,ce sont ces plantes installées dans le jardin médicinal, bien rangées derrière leurs petites haies de buis. “Les étudiants et les professeurs de l’université, notamment de pharmacie, effectuent ici des prélèvements”. Utilisées dans l’élaboration de médicaments et de traitements, les plantes trouvent d’autres applications dans bien des domaines comme le textile ou l’alimentation. Dans la belle serre du Jardin, récemment restaurée et classée aux monuments historiques, des affichettes indiquent la présence là d’un caféier, ici d’un théier. La preuve que les plantes venues du bout du monde ont colonisé notre quotidien.
Un jardin tourné vers l’avenir
Apprécié pour la beauté de son cadre ancien, le Jardin des Plantes n’en demeure pas moins résolument tourné vers l’avenir. Car la sauvegarde s’applique aussi aux espèces végétales actuelles. “La Haute-Normandie compte environ 1 500 espèces de plantes sauvages, dont certaines en voie de disparition”, confie Julien Goossens. “Nous voudrions faire des prélèvements afin de les présenter ici”. Flore des falaises, des berges et des côteaux calcaires, la région est riche. Une richesse qu’il est important de préserver.
L’entretien du Jardin des plantes passe aussi par le renouvellement de ses arbres remarquables. Et cela devient urgent. “La plupart des arbres ont été plantés au XIXe siècle, nous craignons qu’ils meurent tous en même temps”. Dès cet automne, de nouveaux arbres de collections, feuillus ou conifères, vont être plantés. “Nous n’abattrons pas les anciens mais assurerons le renouvellement de notre patrimoine végétal”.
Repères
Toxique. Dans les coulisses du Jardin, fermées au public, on trouve un pied d’aconitum. Cette très belle plante est aussi connue pour être la plus toxique d’Europe.
Carnivores. De nombreuses plantes insolites peuplent les serres. Dans l’une d’entre elles, les plantes carnivores s’y épanouissent dans une atmosphère chaude et humide.
Historique. Louis de Carel, alors receveur général des impôts, fit construire un pavillon en 1691. Le lieu devient public en 1831, et Jardin des Plantes à la fin du XIXe siècle.
Rare. La Stonei, est l’un des joyaux conservé dans les serres du Jardin. Cette orchidée, originaire d’Amérique du Sud, est en voie de disparition et donc très rare.
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