La cérémonie à la fois simple, familiale et émouvante est introduite par des propos amicaux de Jean-Paul Bacquet, le successeur d'Alain Cousin à la présidence d’Ubifrance. Cette structure parisienne est placée sous la tutelle de deux ministères (Economie-Finances/Commerce Extérieur) et de la direction générale du Trésor. “Il est surtout un homme de consensus et de tolérance qui refuse toute forme de sectarisme. A l'Assemblée nationale, il était apprécié de tous ceux qui le connaissaient”, rappelle M. Bacquet en insistant sur la simplicité, la discrétion, la modestie et l'efficacité d'Alain Cousin qui demeure pourtant un adversaire politique. “Nous ne siégions pas sur les mêmes bancs mais nous n'avons jamais eu de mots, bien au contraire, souligne l'élu socialiste, il est celui qui a construit Ubifrance et il a réussi à lui donner une dimension qu'elle n'avait pas. C'est un bel exploit. Nous étions très peu à nous y intéresser mais ils étaient beaucoup à critiquer sans connaître, ce qui n'est pas rare en démocratie.” En retrouvant quelques questions d'actualités posées par Alain Cousin à l'Assemblée nationale, Jean-Paul Bacquet a enfin salué le courage de celui qui osait interroger les ministres du commerce extérieur sur ses insuffisances même quand ses interlocuteurs appartenaient à sa famille politique.
Les trois vertus
Christophe Lecourtier, directeur général d'Ubifrance et "compagnon de cordée" d'Alain Cousin durant cinq ans au sein de l'agence, prend ensuite la parole pour rappeler le sens de cette cérémonie et le parcours professionnel d'un homme que “la République distingue. Comme disait Montaigne, cite-t-il, le vrai miroir de nos discours, c'est le cours de nos vies. Alain est pour moi l'homme de trois vertus : la vertu normande, la vertu française et la liberté. Alain est un homme d'engagement et de coeur.” Christophe Lecourtier en profite aussi pour rappeler l'attitude très digne du député Alain Cousin lors des dernières législatives perdues : “Dans la défaite, vous resterez le même, celui qui sut appeler très tôt dans cette nuit de juin votre vainqueur aux élections et le féliciter pour son succès.” Le directeur conclut son hommage en constatant qu'il était “justice que la République” honore Alain Cousin “dans la légion de ses hommes d'honneur”.
Fidèle à la tradition, juste après avoir reçu la récompense républicaine sous les applaudissements, l'intéressé s'approche à son tour du micro pour prononcer quelques mots émouvants face à ses proches réunis en nombre.
L’exemple du père
Dans ce discours où les collaborateurs sont remerciés, Alain Cousin estime que la chance fut souvent présente aux étapes clefs de sa trajectoire. Rappelant son premier combat de jeunesse contre une “timidité maladive”, l'amour de sa famille, les stages au Trésor public, les ventes d'assurances-vie en porte à porte... Alain Cousin explique son engagement en politique et son intérêt pour la vie publique en notant que l'on “n'échappe pas ou rarement à l'histoire de sa famille.” Puis il enchaîne, très ému : “Nous avons eu la chance d'avoir un père qui incarnait la vertu de l'exemple. Résistant très jeune, il nous a si souvent parlé de la France de De Gaulle... Voilà dans quelle atmosphère nous avons grandi avec les quatre frères et sœurs entourés d'une maman qui avait une très grande ambition pour ses petits.” Louant les rencontres, les amis qui ont compté et ces “nuits entières à refaire le monde”, il raconte aussi comment l'étape majeure des cantonales de 1985 fut possible grâce au soutien indispensable de ses proches. “Même si vous avez conscience de vos handicaps, il faut toujours compter sur la famille", insiste celui qui a passé dix-neuf années au Conseil général de la Manche (dont dix à la tête du comité d'exploration économique) et vingt-quatre années à l'Assemblée nationale. Au passage, pensant à Philippe Séguin, l'ami politique, Alain Cousin confie : “Je suis de ceux qui pensent qu'il manque cruellement au débat politique aujourd'hui”.
Deux frères
Parmi ces nombreux souvenirs d'élu, il en est un plus personnel et familial qui ne pouvait pas être occulté ce jour-là. C'est probablement l'instant le plus touchant du discours d'Alain Cousin, père de trois enfants et grand-père de sept petits-enfants. “Imaginez la joie partagée ce beau jour de juin 2007 qui voit Jean-Yves, mon frère cadet, arriver à l'Assemblée nationale. C'était un jour de fête des pères. Notre papa a vécu avec tant d'émotion cet événement...” L'ex-député de la Manche insiste encore sur le travail du directeur Christophe Lecourtier à la tête d'Ubifrance depuis 2008 et parrain désigné de la cérémonie. Logiquement l’ex-ministre Christine Lagarde devait être la marraine de l'événement mais les règles intérieures du FMI (Fonds Monétaire International) qu’elle dirige aujourd’hui, lui interdisait toute remise de médailles. “Pour moi, cette distinction est, à titre principal, la consécration du travail et de notre réussite collective, conclut Alain Cousin, il n'y a pas de réussite sans projet, sans ambition, sans travail, sans exigence...” Aujourd'hui, tout en se consacrant plus amplement à sa famille, Alain Cousin effectue diverses missions de conseil en stratégie de développement local, notamment pour la Chine et le Maroc.
Emmanuel Galiero pour La Manche Libre
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