Près de 15 000 pièces de bronze et d'argent datant du IVe siècle : ce véritable trésor découvert en avril 2011 près de Carentan, dans la propriété d'un Manchois, a fait rêver plus d'un Normand. Ils sont plus nombreux qu'on ne pense à explorer le sous-sol en quête d'une trouvaille précieuse dans l'agglomération de Caen, zone peuplée dès 6 000 avant Jésus-Christ. “Dès lors que l’on est amené à creuser dans le sol, toutes sortes de trésors et de monnaies anciennes isolées se font jour. Les secteurs du bâtiment et de l’agriculture sont particulièrement concernés”, constate Pierre-Marie Guihard, du Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales à l’université de Caen.
Le juteux marché du détecteur
Patrick Fabre, gérant des boutiques Achat Or à Caen, rachète régulièrement le fruit des découvertes des chercheurs amateurs. “Je suis convaincu qu'on peut trouver partout énormement de choses. Au fil du temps, beaucoup de gens ont caché des objets précieux". Mais, la plupart de ceux qu’il acquiert ont été trouvés sur les plages environnantes : des boucles d’oreille, des bagues parfois, des alliances. “Récemment, on nous a même vendu une chevalière qui était restée enfouie un bout de temps, vu son état".
Lchercheurs des sables ne sont pourant pas majoritaires. Les vrais découvreurs privilégient les champs, les forêts et les berges des cours d’eau. Auguste Mendy est bien placé pour en parler : il tient la boutique Monsieur Détecteur, rue de Falaise à Caen. Depuis plus d’un an qu’il est installé, il a vendu plusieurs centaines d’exemplaires de détecteurs de métaux. C'est le complice incontournable de tout chercheur qui se respecte en région caennaise. “Il existe ici une grosse communauté de “poêleurs” et qui grandit de jour en jour", se réjouit-il.
Attention à la loi
Parmi eux, Titouan, 28 ans, a été atteint par le “virus” il y a deux ans. “Déterrer quelque chose est excitant. C'est la preuve qu’il y avait une vie dans des endroits aujourd’hui désertés, en pleine nature. Je recherche surtout des petites monnaies : la plupart n’ont aucune valeur, mais ce sont mes petits trésors. Et plus je trouve, plus j’ai envie de chercher. Cela devient presqu'une addiction !”
Cette addiction n'est pas vraiment du goût des archéologues ni des juges. “L’utilisation d’un détecteur de métaux, même pour chercher sur sa propre propriété, doit faire l’objet d’une autorisation préfectorale”, insiste notamment le conservateur régional de l’archéologie dans le Calvados, François Fichet de Clairfontaine. “On ne mesure pas à quel point ce genre de fouilles illégales est destructeur pour le patrimoine. Enlever un élément de son contexte, c’est irréparable ! Sans compter le danger de tomber sur un obus de la guerre ou des munitions...” Outre ce risque, les "pilleurs" s'exposent à des milliers d’euros d’amende et une peine de prison avec sursis. L'appropriation d'un bien retrouvé dans le sol peut être assimilé à un pillage. Uniquement en cas de trouvaille par hasard, le découvreur partage son butin avec le propriétaire du terrain. Mais si c'est sur son propre terrain, il peut en jouir en totalité !
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