Station Saint-Marc, sur la ligne du Teor, un vendredi après-midi à l'approche de l'heure de pointe. Sept contrôleurs (des vérificateurs selon le jargon officiel) de la TCAR se positionnent devant les portes du bus qui vient d'arriver. Bonjour, contrôle des tickets, des cartes, vérification à l'intérieur du véhicule... Une minute plus tard, le Teor reprend son chemin.
Mais sur le quai, deux ou trois contrevenants se voient dresser un PV. Certains essayent de justifier leur fraude avec plus ou moins d'imagination, d'autres se taisent, l'œil noir, devant le papier vert qui se remplit. En 2012, les 39 vérificateurs de la TCAR ont dressé environ 35 000 procès verbaux pour 1,5 million de voyageurs contrôlés.
Mais derrière ces chiffres, quel est le vrai visage de la politique anti-fraude de la société de transports en commun de l'agglomération rouennaise ? On découvre en réalité une attitude qui va bien au-delà de la simple surveillance-répression.
Répression intelligente
"Nous ne sommes pas là pour verbaliser sans réfléchir, dévoile Jérôme, agent de maîtrise vérificateur, qui encadre l'équipe de sept contrôleurs rencontrée ce jour-là. Nous essayons d'expliquer au contrevenant qu'il existe d'autres options : des cartes, des abonnements..." Contrairement à d'autres réseaux de transports en commun, la TCAR n'octroie pas à ses contrôleurs de prime par PV dressé. Elle essaye plutôt, par le dialogue et le conseil, d'orienter les fraudeurs vers la case "clients". Par ailleurs, les vérificateurs l'avouent sans tabou : il leur arrive souvent de ne pas rédiger de PV face à des personnes en situation sociale difficile.
"Oui, il existe une certaine tolérance, sans tomber pour autant dans le social", confirme Lydie Cassier, responsable du service contrôle. Ces dernières années, la fraude aurait diminué, estime la TCAR. La stratégie de la "répression intelligente" et des abonnements porterait-elle ses fruits ? Pour le reste, les hommes et femmes en gris sont présents toute la journée, de 5h30 à 23h30 et sur toutes les lignes, "pour qu'il y ait une présence, pour montrer que l'on peut toujours être contrôlé", explique Jérôme.
Retour dans les bureaux de la TCAR. Car là se joue un autre casse-tête lié à la fraude : les PV impayés. L'an dernier, ceux-ci ont représenté la jolie somme de 900.000 €, autant de manque à gagner pour la société de transports. Pour tenter d'y remédier, le 26 juin dernier a été officialisé un protocole de coopération entre la TCAR et la Direction régionale des finances publiques. Il prévoit notamment d'inciter les fraudeurs à régler leur amende par carte bancaire. Si ce n'est pas le cas, les vérificateurs ont pour consigne de noter le plus d'informations sur les contrevenants. Car en cas d'impayé, le dossier peut se retrouver devant la justice. La moindre approximation ou rature sur l'identité de la personne contrôlée suffirait à annuler la procédure. Quant aux fraudeurs invétérés, ils risquent d'être condamnés pour "délit de fraude" au bout de 11 PV impayés !
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