Leur lieu de travail : des boyaux sans lumière naturelle, à peine plus hauts qu'un homme, où s'écoulent eaux de pluie ou eaux usées et où les rats sont les seuls êtres vivants rencontrés. Rendez-vous ce matin, à côté du Moulin de la Pannevert, rue des Petites Eaux de Robec. Un agent de la Crea soulève une lourde trappe à l'aide d'une barre en fer. On s'y glisse un par un, chaussé de cuissardes et d'une casquette anti-chocs, armé d'une puissante lampe-torche.
A quelques mètres sous le sol, sous les rues et les habitations, se dévoile soudain un univers mystérieux et paisible. Vous serez déçu, mais la plupart du temps, l'air y est totalement reniflable.
Gare aux gaz toxiques
Les égouts de Rouen se composent de 340 kilomètres de canalisations, plus ou moins anciennes. Une petite partie est "visitable" par les égoutiers : ce sont les grands axes, qui acheminent les eaux usées et les eaux pluviales, vers la station d'épuration Emeraude à Petit-Quevilly pour les premières, ou directement dans le fleuve pour les secondes. C'est ici que travaillent quotidiennement les 18 "opérateurs-cureurs" de la régie de Rouen et de la Direction assainissement de la Crea.
Avec les glissades et les chutes, les principaux dangers rencontrés dans les entrailles de Rouen sont les brusques montées d'eau lors des orages et les gaz toxiques. Pour ces derniers, chaque agent est équipé d'un détecteur qui "bipe" lorsque la teneur en oxygène dans l'air est trop faible ou en présence de gaz explosif, de monoxyde de carbone et d'hydrogène sulfuré (H2S).
Celui-ci se dégage fréquemment des "chambres à sable", terme délicat pour parler des zones de décantation de matières solides dans les égouts. Des fosses qu'il faut vider deux fois par an. "Alors parfois, on perce des poches de gaz sous le sable et là, je ne vous raconte pas l'odeur", glisse un égoutier tandis que l'on patauge dans un ruisseau sombre. Le H2S, à une certaine dose, bloque l'odorat. Ensuite, il peut devenir mortel. On comprend mieux l'utilité des détecteurs de gaz. Et les rats ? Nombreux sous terre, ils perturbent peu le travail des agents de la Crea. Etant peureux, ils fuient l'homme et ne l'attaquent que lorsqu'ils sont acculés.
Vers le pont Guillaume Le Conquérant, une porte métallique s'ouvre. C'est l'accès vers le "siphon" : deux énormes tuyaux qui envoient toutes les eaux usées de la rive droite vers la rive gauche. Plongeant à 40 mètres sous le sol, ils passent sous la Seine avant de réjoindre la station d'épuration. En tout, les égouts de 27 communes de l'agglomération, soit 1730 km de canalisations, y débouchent. Tout un monde parallèle.
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