Est-il encore temps de réviser à quelques jours de l'épreuve ?
"Il est temps de réviser, mais il n'est plus temps d'apprendre. L'essentiel du travail a dû être déjà fait. Les élèves suivent neuf mois d'enseignement à la philosophie. C'est le temps d'une grossesse. Et au moment du bac, c'est le moment de la délivrance. Il faut le prendre comme ça, plutôt que comme un couperet. L'épreuve du bac, c'est l'occasion pour les élèves de réfléchir une fois dans leur vie à des questions essentielles".
Comment dédramatiser cette épreuve ?
"Il ne faut pas arriver à l'épreuve en se disant que c'est quelque chose d’insurmontable. Les élèves se sont exercés toute l'année".
Comment fait-on pour s’approprier les thèmes étudiés dans l'année ?
"Le travail de révision doit avoir été effectué au fil des semaines. Nous incitions les élèves à faire des fiches, afin qu'ils repèrent l'essentiel de chaque notion. Le but est de savoir quels sont les problèmes que les élèves vont rencontrer lors de l'examen face à telle ou telle notion. Par exemple avec la notion de sujet, dire 'je', c'est à la fois être libre et assujetti, comme lorsqu'on est le sujet d'un souverain, ce qui nous permet de définir la problématique. Pour y répondre, il faut alors faire appel à des concepts qui ont été définis en cours, avec le professeur".
Au moment de la correction, vous vous intéressez donc aux contradictions mises en avant par l'élève...
"Tout à fait. L'épreuve de philosophie n'est pas une épreuve où il est demandé à l'élève de réciter un savoir. Nous lui demandons d'être capable de faire face à une question pour en faire apparaître les enjeux. Il ne faut surtout pas, que ce soit pour la dissertation ou l'explication de texte, commencer par dire tout ce que l'on sait. Il faut avant tout prendre le temps d'analyser le sujet pour faire apparaître le problème".
A chaque épreuve de philo , trois sujets sont proposés. Comment bien le choisir ?
"Le programme en philosophie est très vaste, et chaque professeur ne peut pas approfondir toutes les notions de la même manière. C'est mathématique. Le fait d'avoir trois sujets sur des notions différentes est une façon de permettre aux élèves de choisir au mieux leur sujet. Autrement dit, nous leur déconseillons de se lancer dans le sujet sur lequel ils ont le moins passé de temps dans l'année. Il vaut mieux prendre un sujet sur lequel on a déjà réfléchi".
L'art apparaissait souvent ces dernières années dans les sujets. Pourquoi ?
"Pour les séries technologiques, oui. Mais les notions ont été couplées, d'où une différence. L'an passé, c'était l'art et la culture. L'année d'avant, c'était l'art et la vérité, et encore avant c'était l'art et la technique. L'idée est d'éviter le bachotage".
Est-il incontournable de citer certaines références ou certains philosophes dans une copie ?
"A titre d'exemple, l'allégorie de la caverne ou les mythes platoniciens sont de très grands textes. Ils peuvent être utilisés pour traiter de plusieurs notions. Des passages de ces textes peuvent être mentionnés pour une cause différente de celle pour laquelle le philosophe les a écrits. Attention, il ne s'agit surtout pas d'illustrer, mais d'entrer en résonance. Une bonne référence permet toujours de faire avancer la réflexion".
Des expatriés ont déjà passé l'épreuve de philosophie. Quels sujets leur a-on proposé?
"A Washington, ils ont planché sur le thème 'percevoir et savoir' et 'le sentiment moral peut-il être éduqué ?'. A Pondichéry, 'Sommes-nous d'autant plus heureux que nous sommes plus libres ?' Dans ces exemples comme toujours, le but, c'est que l'élève construise son propre questionnement".
C'est donc la réflexion qui vous intéresse...
"Le savoir est nécessaire mais ce n'est pas une fin en soit. L'intérêt, c'est de découvrir de quelle élaboration les élèves se montrent-ils capables".
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