Succès touristique à Dresde, attirant chaque année 300 000 visiteurs, les Panoramas géants de Yadegar Asisi peuvent-ils susciter le même engouement à Rouen ? La Crea, la Région et la Matmut, très probable future mécène de l'opération, en sont presque convaincues. Jeudi 16 mai, Alain Le Vern, président du Conseil régional, et Frédéric Sanchez, président de la Crea, avaient convié une quarantaine d'élus et de journalistes dans la ville de l'extrême-est de l'Allemagne, pour découvrir l'oeuvre d'art/attraction de l'artiste allemand.
Alors de quoi s'agit-il ? Inspirés de ce qui se faisait déjà au XIXe siècle, les panoramas imaginés par Asisi, images à 360° d'une précision extrême et d'une qualité certaine, reconstituent un paysage, urbain ou naturel, en y intégrant des éléments d'époque ou de contexte. Actuellement, à Dresde, dans l'une des quatre rotondes érigées en Allemagne (l'unique pays où l'on peut les découvrir), l'artiste plonge le spectateur dans le Dresde de l'époque baroque.
28 mètres de haut
L'image, mélange complexe de photo, de peinture et de numérique, est imprimée sur 37 panneaux de polyester, assemblés sur une circonférence de 105 mètres et 28 mètres de haut. Colossal. Au coeur de la rotonde, une tour permet au public de prendre de l'altitude tandis que des jeux de lumières et de sons font vivre un jour et une nuit dans ce Dresde d'antan. Le résultat est, reconnaissons-le, très réussi. Mais son intérêt est plus visuel qu'historique. La sensation éprouvée dans la rotonde fait davantage penser au Futuroscope qu'au Louvre. Néanmoins, autour de l'attraction, une exposition délivre quelques éléments pour mieux comprendre l'histoire de Dresde.
A Rouen, la Crea et la Région ont déjà trouvé la place pour leur rotonde : elle sera sur les quais rive droite, à côté du hangar H20. Celui-ci accueillerait ainsi les expositions liées au panorama, dont la structure serait élevée dans l'axe de l'avenue Flaubert. Yadegar Asisi proposerait une vision de Rouen (depuis la Tour de Beurre de la cathédrale) sous l'époque de Jeanne d'Arc. Des pass et des offres spéciales permettraient ainsi à la Crea de faire naviguer les touristes du futur historial dédié à la Pucelle au futur panorama.
Mais que l'on ne se trompe pas : la Rotonde n'a pas nécessairement vocation à rester ad vitam æternam à Rouen. La structure sera "provisoire", pour une durée de cinq ans. "Mais si cela attire au-delà de nos espérances, évidemment, elle pourra perdurer", indique Frédéric Sanchez. Quoi qu'il en soit, l'agglomération et la région sont actuellement en négocations avancées avec Asisi pour obtenir une exclusivité en France.
Attirer au moins 100 000 visiteurs par an à Rouen
Avec un prix d'entrée compris entre 5 et 10€, une rotonde made in Asisi doit attirer au moins 75.000 visiteurs par an pour atteindre l'équilibre et 150.000 pour que l'amortissement de l'opération soit atteint au bout des cinq années d'exploitation. La Crea et la Région espèrent attirer rapidement 100 000 visiteurs annuels, en ciblant un public plus "populaire". En ajoutant le soutien financier confirmé de la Matmut, sous forme de mécénat, le projet pourrait au final avoir un coût relativement limité pour les collectivités. L'investissement de départ est estimé à environ 6,85 millions d'euros maximum, en y incluant la construction de la rotonde, la licence, l'acquisition de deux oeuvres existantes d'Asisi et la réalisation d'une nouvelle sur Rouen.
Yadegar Asisi, de son côté, s'est dit "séduit et enthousiaste" par le projet, ce qui n'a rien d'extraordinaire puisqu'il gère ses oeuvres comme une marque, avec un marketing poussé dont la France n'est certainement pas habituée concernant la chose culturelle. Les derniers détails devraient être réglés dans les prochaines semaines. Si tout ce passe comme prévu, la rotonde sera bâtie au printemps 2014, pour une ouverture au public à l'été 2014.
Vers un musée XXL à Rouen ?
A plus long terme, la Crea et la Région Haute-Normandie ne cachent plus une ambition culturelle plus grande encore : créer un "pôle muséal" réservé aux oeuvres XXL au coeur, très probablement, du futur éco-quartier Flaubert. "Il n'y a pas en France de lieux capables d'exposer les très grandes oeuvres d'art alors que nos musées en possèdent beaucoup. Or, ils ne peuvent pas les montrer, par manque de place", a développé Frédéric Sanchez, reprenant les arguments déjà défendus par Laurent Fabius lorsqu'il dirigeait la Crea.
Par ces actes et ces projets, les collectivités locales démontrent leurs certitudes quant au potentiel de développement touristique de Rouen. "Nous pouvons en faire une grande capitale touristique et culturelle en France", répètent Alain Le Vern et Frédéric Sanchez. Avec, en ligne de mire, des retombées économiques à la clé.
Thomas Blachère
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