Les lumières de l'Orient Express scintillent dans la nuit caennaise, rue du 11 Novembre. Une musique, peu familière en terre normande, parvient aux oreilles des passants. Connue pour être le repaire caennais du billard, ce bar se mue en quartier général des aficionados de salsa, chaque vendredi soir depuis trois ans. De 150 à 300 personnes s'y retrouvent en fin de semaine. "Les gens ne veulent plus passer leur temps derrière la télé", constate Aline Turquin, membre de Normandie Salsa, la compagnie qui organise ces soirées. Le patron du bar a même prévu d'agrandir la piste.
Apprendre dans les bars
Les responsables de bar sont de plus en plus nombreux à réintroduire les danses de couple dans leur programmation. Outre l'Orient Express et le Che, l'Alhambra, situé sur le port, propose depuis l'an dernier des cours de kizomba, une sorte de mélange entre le zouk et le tango. Sensuelle et "plus accessible que la salsa" selon les spécialistes, elle remporte un véritable succès.
Profitant de l'engouement actuel pour les danses latines, la municipalité cultive elle aussi le filon. L'été dernier, elle avait contacté l'association Normandie Salsa pour organiser le bal du 14 juillet. Le succès avait été au rendez-vous, avec pas moins de 600 participants. D'autres expériences ont également répondu aux attentes, comme la mise en place d'un village latino, à chaque "Presqu'île en fête".
La danse décomplexe celui qui la pratique
La dizaine d'associations à proposer des cours de danses afro-caribéennes dans l'agglomération caennaise compte au total près de 800 adhérents. Et cette communauté n'hésite pas à se mobiliser à chaque événement. "Ce qui décomplexe les gens, c'est qu'après avoir pris quelques cours, ils parlent un langage, celui de la danse, qui permet de rencontrer beaucoup de monde très facilement." Ou quand la danse tisse du lien social.
"On pourrait penser que l'émergence d'une nouvelle danse pousserait les autres à décliner", expose Césaire Kaho, un adepte. "Mais au contraire, elle vivifie le mouvement, permet d'attirer de nouveaux publics et oblige les professeurs à se remettre en question". Certains n'hésitent donc pas à partir se former partout dans le monde.
Le rock reste indémodable
Morlaye Camara et Marie-Julie Saint-Clair reviennent ainsi tout juste de Cuba. A la tête de l'association La Timba, ils louent un espace au sein de l'un des temples de la danse de couple dans l'agglomération caennaise, Acro d'Rock, basé à Giberville. S'ils y enseignent des danses latines, Thierry Gillet y partage lui sa passion pour des danses plus anciennes, comme le rock and roll ou le west coast swing. Pour lui, le constat est clair : "il y a bien plus de danseurs à Caen aujourd'hui qu'à mes débuts il y a vingt ans, notamment parce que l'éventail de danses proposées est plus large", analyse-t-il, assurant que "les moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux dans les cours". Pas moins de 800 élèves suivent ses enseignements et fréquentent les soirées qu'il organise.
Les danseurs de rock se retrouvent également tous les vendredis au Cercle, la boîte de nuit du casino de Ouistreham. Parmi eux, des amateurs de lindy hop, l'ancêtre du rock and roll. Ils suivent les cours de Philippe Troussier, le seul à les dispenser dans la capitale bas-normande depuis 2008. "Le noyau dur de danseurs à Caen s'est étoffé, et il y a un renouvellement permanent des tendances, par exemple avec le retour du blues dansé". La troisième édition du Normandie Swing Festival à Houlgate du 13 au 20 juillet devrait en attester.
REPERES
Sociale. Les danses dites "sociales" désignent les danses de couple comme le rock ou la salsa. Selon leurs adeptes, elles permettent de faire facilement des connaissances.
21. Comme le nombre de danses enseignées dans les MJC à Caen dont : la bachata, le bellywood, le cha cha, la country, le folklore normand, le hip-hop, la kizomba, le rock...
Thés dansants. Indémodables, ils s'invitent même dans des lieux inattendus comme au Cargö à Caen, ou dans des discothèques, comme au Palais à Hérouville.
Tendances Dans l'univers des danses afro-caribéennes, la Kizomba est à la mode. Côté rock, le lindy hop séduit de plus en plus, suivi par le blues qui fait son retour.
Adresses
> L'Orient-Express : 24, rue du 11 Novembre à Caen. Salsa le vendredi à partir de 21h30, rock en milieu de semaine.
> Acro d'Rock : rue Jacques Prévert à Giberville. Cours et soirées.
> Le Che : 53, rue de Geôle à Caen, cours de salsa les mardi et mercredi.
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