Les mauvais résultats de l'équipe première ne gâcheront pas la fête. Car le plus beau club amateur de France, petit poucet glorieux multirécidiviste de la Coupe de France, se soucie peu des aléas du présent. Son histoire fait sa force et son âme vibre toujours dans les travées du stade Lozai. Si loin des millions et du star system du monde pro.
Ouvriers-footballeurs
L'histoire de l'US Quevilly est indissociable de celle d'Amable Lozai (1881-1959), président du club dans la première moitié du XXe siècle, propriétaire de l'entreprise navale du même nom et un temps maire de Petit-Quevilly. "Sérieux et gagneur au travail et sur le terrain, gentleman et joyeux camarade" : telle était sa devise. Il avait fait de ce club l'extension sportive de ses usines et les ouvriers-footballeurs disciplinés firent les heures de gloire des "Jaune et noir".
"Il n'y avait aucun passe-droit", se souvient Jean-Claude Lemaire, l'un des anciens "grands" de l'USQ, demi-finaliste de la Coupe de France en 1968. "On travaillait 50 heures par semaine pour Lozai, puis deux entraînements par semaine et les matchs le week-end". Pour l'amour du football. "Nous mouillions le maillot et le stade accueillait jusqu'à 5 000 personnes. Lors de certains matchs, il y avait du monde partout, même sur les toits", se rappelle Michel Mutel, président de l'USQ jusqu'en 2000.
"Notre bonheur réside dans le football amateur"
Dans les années 50 et 60, les Canaris se sont forgés une réputation nationale, réanimée en 2010 et 2012 après deux parcours héroïques en Coupe de France. "Mon meilleur souvenir, c'est cette demi-finale de Coupe de France contre Bordeaux, au Parc des Princes, en 1968", raconte Daniel Horlaville, un des "héros" de l'USQ, qui disputa la même année les JO de Mexico avec l'équipe de France amateurs. Un passé glorieux : voilà l'autre moteur du club. "Il y a peut-être aussi une bonne étoile au-dessus de nous", glisse Michel Mutel en regardant le ciel.
"J'ai vécu des années fabuleuses, de camaraderie, sans souci du lendemain, raconte Jean-Claude Lemaire. Il y avait un tel attachement, un tel amour du maillot. Aujourd'hui, je crois que quelque chose se transmet toujours..." En tout cas, les dirigeants font tout pour. "Ce sont des valeurs enracinées en nous", affirme le président Michel Mallet, lui-même ancien joueur. A d'autres temps, d'autres mœurs, mais les jeunes ici doivent enlever casquettes et écouteurs quand ils arrivent et dire bonjour aux adultes. On demande du respect, aucune insulte ni crachat".
Le club n'hésite pas non plus à exiger de bons résultats scolaires à ses jeunes pousses. Conséquence : l'US Quevilly, 468 licenciés, est devenu une référence régionale en matière de formation. "Nous n'avons pas d'ambitions démesurées, confie Michel Mallet. Notre bonheur réside dans le football amateur. Celui de pouvoir continuer à bien former des enfants et faire rêver". En cultivant "la force du groupe".
Repères
Titres Fondée en 1902, l'USQ a été quatre fois championne de France amateurs (1954, 1955, 1958 et 1967), deux fois finaliste de la Coupe de France (1927 et 2012) et deux fois demi-finaliste (1968 et 2010).
Lozai Amable Lozai est né en 1881 au Petit-Quevilly. Ingénieur des Arts et Métiers, il a créé l'entreprise du même nom, qui fusionna en 1927 avec les Ateliers et Chantiers de la Basse-Seine.
Pro, non merci Le club n'a jamais été professionnel. En 1972, il refusa même de monter en Division 2 (pro), par "raison". Les dirigeants actuels partagent toujours cette vision.
Livre A l'occasion des 110 ans du club, l'ouvrage "Petit-Quevilly, dans la cour des grands" (EDN éditions) est un incontournable à redécouvrir. Riche en photos et anecdotes.
Prix 29,90 €.
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Bonsoir,
Il aurait été important de remercier les personnes bénévoles qui ont fait renaître le club lors de sa descente en enfer, qui ont donné de leurs temps par amour du symbole des Canaries. Monsieur beauchamp et Jean THOMAS. Qui ont repris le’ club au plus bas. Monsieur Mutel n’est arrivé que bien après. Respect et honneur monsieur Beauchamps et monsieur Thomas.
Je suis tombé sur cet article par accident, en voulant retrouver des archives pour les 80 ans de’ mon père qui lui aussi a fait partie de la grande équipe de Quevilly. Amitiés