J'ai 27 ans et je n'ai jamais donné mon sang. Les campagnes de sensibilisation de l'Établissement français du sang (EFS) m'ont souvent interpellée mais je n'avais jamais franchi le pas. J'ai appris que le mois de mai était une période difficile en terme de collecte : les donneurs sont moins nombreux à cause des jours fériés. Les besoins en Normandie, énormes, demeurent pourtant les mêmes toute l'année, 550 poches en moyenne par jour. C'est décidé : cette fois-ci, je me rends à l'EFS de Caen.
Je donne mes coordonnées, je remplis un questionnaire préalable à un entretien médical. "Êtes-vous allée chez le dentiste il y a moins d'une semaine ? Êtes-vous allée à l'étranger ou avez-vous été malade récemment ? Avez-vous changé de partenaire depuis moins de quatre mois ? Avez-vous été tatouée récemment ?" Les questions sont multiples.
De l'appréhension, pas de douleur
"Les femmes peuvent donner quatre fois par an, les hommes six fois", me précise le Dr Jean-Benoit Culot, tout en prenant ma tension. Pas de problème. Pour le premier don, il est également nécessaire de mesurer le taux d'hémoglobine. Avec un résultat en dessous de 12g/dl, je ne pourrais pas donner. Car je serais alors anémiée. Le médecin me pique l'annulaire droit pour obtenir une goutte de sang. Le résultat tombe : 13,2g:/dl. Ouf !
Je me présente alors en salle de don. Il n'y a pas foule en milieu de matinée. Une infirmière me prend en charge. Après une dernière vérification de mon identité, je m'assois sur un fauteuil qui ressemble un peu à ceux des dentistes et je tends le bras droit. "J'apprécie la qualité de vos veines : la quantité, la taille...", m'explique t-elle. Sa décision est sans appel, ce sera le bras gauche, mieux doté ! Elle me place un garrot. Je serre le poing. Et c'est parti. L'aiguille s'enfonce dans ma chair. Disons-le, ce n'est pas agréable mais cela ne fait pas mal.
En quelques secondes, la gêne a disparu. "C'est plus d'appréhension que de douleur", confirme la soignante. Le sang prélevé coule dans une poche placée sur un plateau oscillant qui permet de le mélanger avec un anticoagulant. Au bout de quelques secondes, un bip retentit. Le débit de mon sang n'est pas satisfaisant. "Cela arrive". On me donne une balle à malaxer pour stimuler la veine. Le résultat est immédiat. En quelques minutes seulement, 450 ml me sont prélevés.
Après le don, je passe en salle de collation. C'est en réalité un festin qu'on me propose : taboulé, tomates, charcuterie, sandwichs, quiche, croque-monsieur, fromage... "Il faut aussi beaucoup boire après un don : un litre et demi minimum dans la journée pour aider les globules rouges à se régénérer", m'explique le Dr Culot. "Le rush des donneurs se situe entre 11h et 14h. Ils peuvent venir entre amis ou collègues, ils donnent et en profitent pour déjeuner. C'est utile et convivial", souligne le Dr Nathalie Callé.
2012 : 30.000 transfusions
Pendant que je m'accorde cette pause, mon sang, lui, est stocké dans le sous-sol de l'EFS avant d'être envoyé sur un plateau technique régional, près de Rouen, où il sera centrifugé et qualifié avant d'être redistribué vers les hôpitaux normands, en fonction des besoins. Quelques échantillons ont également été placés dans des tubes. Ils partent direction Lille, pour y subir des tests viraux. Il s'agit de déterminer si mon sang est bien "apte" à la transfusion. Si c'est le cas, il sera utilisé sous 42 jours.
"Un patient atteint d'un cancer peut par exemple avoir besoin de six poches après une séance de chimiothérapie. Il aura donc fallu six donneurs pour un seul malade", m'explique Jacques Marié, président de l'Union départementale de l'Amicale des donneurs. Je prends la mesure de l'importance de mon don. En 2012, 30 000 personnes ont été transfusées en Normandie.
Repères
Où donner ? En permanence, à l'EFS de Caen, 1 rue du Pr Rousselot. Lundi, mercredi, jeudi et vendredi, 8h30 à 17h ; mardi 8h30 à 18h30 ; samedi de 9h30 à 13h.
Mais aussi... En site mobile, près de chez vous. Cette collecte représente d'ailleurs 80% des dons. Toutes les dates pour les mois à venir sur www.dondusang.net.
Qui peut donner ? Presque tout le monde ! Il suffit notamment d'être majeur et de peser plus de 50 kilos. Il faut aussi venir muni de sa carte d'identité.
26 amicales Le Calvados compte 26 amicales de donneurs. Mais Caen n'en n'a pas. Des bénévoles cherchent à se fédérer. Infos à l'EFS, tél. 02 31 53 53 53.
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