Comment vous sentez-vous plus d'un an après l'assassinat de votre fils ?
"La douleur est là et ne me quittera jamais. Rien ne la répare. J'ai perdu un fils de 30 ans, personne ne pourra le remplacer. Plus les jours passent, plus le manque est fort. A chaque fois qu'approche le week-end, il n'est plus là et la douleur devient encore plus dure. C'était un fils, un confident. Il me manque tant. Je me suis battue pour lui, soldat de la République, et aujourd'hui ,je suis fière qu'il ait été reconnu "mort pour la Nation".
Pourquoi avez-vous créé l'association ''Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix'' ?
"Quand je suis allée sur les lieux où est tombé mon fils, à Toulouse, j'ai découvert un désert, loin de la ville. Je suis sûre qu'Imad est mort en souffrant, seul. J'ai crié et personne ne m'a entendue. Il fallait aussi que je vois où ce jeune homme (Mohamed Merah, ndlr) a grandi, pourquoi il en était venu à tuer. J'ai voulu aller vers ces jeunes qui vivent dans les mêmes conditions. Il faut aller là où est le mal. J'ai découvert des enfants livrés à eux-mêmes et certains parents indifférents à leur sort. Il n'y a parfois aucun cadre, il n'y a pas pire, et certains font de Merah un héros... Il fallait que je leur parle".
Vous écoutent-ils ?
"Oui, certains sont même très émus. Je leur demande : 'Qu'a gagné Mohamed Merah en tuant des soldats de la République, des enfants et un père de famille ?' Il a laissé des familles en souffrance, il a fait honte à la France et sali l'honneur de l'Islam. Aux jeunes de ces quartiers, je leur dis de se bouger, d'aller trouver un travail, de respecter leur pays, le droit, la liberté et aussi la laïcité. Si on respecte les autres, on est respecté".
Vous dites "Plus jamais Merah". Comment faire ?
"Il a fait souffrir tant de monde. Sa mère aussi, même si je lui en veux de ne pas avoir fait son devoir en éduquant bien son fils. Chaque mère, chaque père doit être responsable de son enfant. L'école est là pour instruire, mais elle n'est pas là pour élever. Récemment, à Montpellier, certaines mamans m'ont dit : 'Nous sommes dépassées !' ou 'Mon fils a un Bac+5 et il ne trouve pas de boulot '. Je leur ai dit qu'il fallait chercher et se battre. On ne peut pas abandonner comme ça ! Quand je suis arrivée en France, je ne parlais pas français. Je suis allée vers les autres et on m'a aidée. Certains ne voient pas les choses comme cela".
Continuerez-vous longtemps ce combat ?
"Je ne vais pas m'arrêter là. Ce combat durera toute ma vie. Imad ne doit pas être mort pour rien. Si je peux éviter rien qu'un seul Mohamed Merah, ce sera déjà une victoire".
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