Au cours des dernières décennies, lotissements et zones d'activité ont repoussé les agriculteurs loin dans l'agglomération. Bois-Guillaume, commune historiquement agricole, ne compte aujourd'hui plus qu'une exploitation active.Or, depuis peu, l'intérêt des citadins pour la production locale va crescendo. Les paniers, AMAP et autres épiceries "locales" se multiplient. Les 950 agriculteurs des 450 exploitations de la Crea ont une carte à jouer.
Essor de la vente directe
"Il existe un vrai potentiel dans la vente directe, les circuits courts", estime Arnold Puech d'Alissac, vice-président de la Chambre d'agriculture de Seine-Maritime et président du syndicat FDSEA 76. Installé à Pissy-Pôville, près de Barentin, il exploite une centaine d'hectares au nord-ouest de Rouen et vend ses volailles directement aux habitants. Il préside également une association, "Local et facile", qui fournit notamment la cantine centrale de la ville de Rouen. Les produits bio y ont une place de choix.
La Crea entend jouer un rôle, aussi modeste soit-il, dans un nouvel essor de l'agriculture périurbaine. La majorité de son budget "agricole" (120 000 € par an) est consacré à la protection de l'eau, via des actions de sensibilisation auprès des agriculteurs, voire le rachat de parcelles polluées à proximité de captages sensibles. Elle soutient aussi des initiatives alternatives. "Nous aimerions valoriser par une signalétique les ventes à la ferme", explique Pierrette Canu, vice-présidente en charge des espaces agricoles. Une idée soutenue par la Chambre d'agriculture.
En 2012, la Crea a également aidé quatre projets faisant la part belle au maraîchage, aux circuits courts et à une vision humaine de l'agriculture. Romain Pavot, 28 ans, maraîcher depuis sept ans, est l'un d'eux. S'il vit à Rouen, c'est à Bardouville, et désormais à Canteleu dans une parcelle du Manoir de Captot, qu'il bâtit un projet lui permettant tout juste de vivre.
Chaque semaine, il vend une cinquantaine de "paniers" à des citadins. Le jeune maraîcher est un "puriste". S'il ne tient pas à bénéficier du label "bio", il va encore plus loin, refuse tout produit chimique et s'interroge en permanence pour mieux respecter la nature. Jusqu'à la manière de bêcher la terre. "J'ai besoin de main d'œuvre, mais je ne peux pas et je dois compter sur des soutiens bénévoles", explique ce partisan de la vente directe, dans laquelle l'acheteur "a conscience de la valeur du produit".
Hormis quelques désagréments (circulation, vandalisme...), produire "durable" aux portes de la ville séduit. "Il nous faut donc tout faire pour stopper la périurbanisation", affirme Pascal Magoarou, vice-président de la Crea en charge de l'agriculture périurbaine et membre du groupe Europe Ecologie Les Verts. "Entre 1999 et 2009, nous avons perdu 1 000 hectares de terres agricoles. Cela ne peut plus durer".
REPERES
Agglo. Les espaces agricoles représentent encore 25 % du territoire de la Crea. 70 % d'entre eux sont consacrés à la culture et 30 % sont en prairies. La place de l'agriculture biologique est infime.
5 %. Les cultures spécialisées (maraîchage, horticulture...) ne représentent que 5 % des exploitations, alors que ce sont principalement elles qui sont susceptibles d'alimenter les circuits courts.
Eau. Selon la Crea ou la Chambre d'agriculture 76, les exploitants saisissent l'urgence de moins polluer la ressource en eau. Mais les polluants peuvent mettre près de vingt ans avant d'atteindre les nappes...
Industrie. La présence de la plus grande usine de fabrication de biocarburants d'Europe ou celle de fabrication d'huiles alimentaires à Grand-Couronne (Saipol) bénéficie à bon nombre d'agriculteurs de l'agglo.
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