L'histoire est sordide. "Quand nous sommes arrivés sur place, nous avons vite compris qu'ils avaient été littéralement exécutés", lâche Hervé Vlamynck, substitut au parquet de Rouen. Samedi 30 mars, vers 7h du matin, deux hommes se sont introduits dans le jardin de la maison du docteur Jacques Franck et de son épouse, Nelly, rue de l'Espérance, à Grand-Quevilly. Une bâtisse austère, séparée de la Sud III par un mur anti-bruit. "Ils ont attendu que l'un des deux sorte pour entrer par surprise", développe Jean-François Bohnert, procureur de la République de Rouen. "L'un s'est saisi de M. Franck. L'autre a tiré sur Madame Franck avant de tirer sur lui".
Et puis le tireur est revenu et a achevé froidement les deux époux, d'une balle logée sous l'oreille. Un voisin, qui a entendu les cris et les détonations, a prévenu la police sans savoir toutefois où se déroulait le drame. Les meurtriers ont eu le temps de fuir. C'est finalement le fils du couple, également médecin de profession, qui a découvert les cadavres sans vie un peu avant 11h, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de son père.
La piste du conflit d'héritage qui dégénère
Face à cette exécution, qui revêtait la forme d'un assassinat froid et prémédité, la police judiciaire chargée d'enquêter a alors mis les bouchées doubles en ce week-end pascal. Rapidement, une piste a émergé : celle du conflit d'héritage. "Un des deux individus mis en examen n'avait pas accepté de perdre un procès pour l'héritage de la maison du frère de Madame Franck", explique Hervé Vlamynck. En première instance, en appel ou en cassation en début d'année, l'homme avait été systématiquement débouté par la justice.
Mais qui est-il, lui qui n'a aucun lien familial avec les Franck et qui réclame l'héritage d'une grosse bâtisse bourgeoise située dans le centre de Rouen ? Né en 1975, cet homme peu instruit ne sachant ni lire ni écrire, mais "doué de ses mains" selon les enquêteurs, avait été hébergé plusieurs années par le frère de Nelly Franck. Il se serait alors beaucoup investi pour réparer et valoriser la maison... jusqu'au décès de son "bienfaiteur". Sans surprise, Mme Franck a alors souhaité reprendre la possession du bien. Sauf que son frère aurait rédigé un document dans lequel était mentionné le nom de l'homme aujourd'hui mis en examen. Or, la justice en a décidé autrement. En 2010, il fut expulsé de la demeure.
"C'était pour lui une obsession. Cette maison, c'était presque le sommet de sa vie. Quand nous l'avons interpellé, il avait encore les clés sur lui", raconte Philippe Ménard, le directeur du Service régional de police judiciaire (SRPJ). Un autre "détail" a rapidement intrigué les enquêteurs : dans cette maison, il aurait amoncelé une quantité impressionnante de matériel de menuiserie ou de chantier, "dont on peut suspecter la provenance frauduleuse". Les époux Franck auraient remis le matériel à la police au moment de récupérer le bien immobilier. Cela a-t-il pu motiver un peu plus un tel acte criminel ? Les enquêteurs ne l'excluent pas.
Il dénonce son ami qui le dénonce au même moment
Quant au deuxième homme mis en examen, également d'origine modeste et travaillant de petits boulots, il n'a pas reconnu les faits. Ironie de l'histoire, il s'était même présenté de son propre chef au commissariat après la médiatisation du meurtre, en expliquant aux policiers qu'il soupçonnait le premier homme, son ami, d'en être l'auteur. Sauf qu'au même moment, ce dernier était auditionné et le désignait comme étant son complice... En outre, les enquêteurs ont découvert qu'il avait semble-t-il contracté une dette importante (plus de 20.000€) envers le premier interpellé. Cette dette aurait bien pu servir de motif pour le convaincre de participer au crime.
Les autopsies des corps de Jacques et Nelly Franck doivent être réalisées dans les heures qui viennent. L'arme du crime n'a pas été retrouvée.
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