Quels souvenirs gardez-vous de vos grands-parents ?
"Je n'ai connu que ma grand-mère, Eugénie. C'était une femme étonnante, très mater familias. Elle habitait juste au dessus de chez nous. J'avais une relation privilégiée avec elle. Par exemple, il y avait deux chaises dans sa cuisine, une pour elle et l'autre pour moi. Elle croyait en moi sans savoir ce que j'allais devenir, comme si j'étais la personne de la famille sur laquelle elle mettait un joker".
Vous étiez son seul petit-enfant ?
"J'avais un cousin, mais il était plus fragile. Eugénie ne le considérait pas. Mon oncle, le jumeau de ma mère, était mon vrai concurrent".
Quelle place doivent avoir les grands-parents dans l'éducation de leurs petits-enfants ?
"Les grands-parents actuels, pour beaucoup issus de la génération 68, sont en difficulté avec le fait de donner leur avis alors qu'ils n'ont cessé de le faire durant leur jeunesse. Avec leurs enfants, ils sont un peu mous sur leur rôle vis-à-vis de leurs petits enfants. Ils n'osent pas intervenir. En même temps, ce sont eux qui appellent les pédopsychiatres en demandant ce qu'ils peuvent faire".
Jusqu'à quel point peuvent-ils s'immiscer dans leur éducation ?
"Ils doivent intervenir car les enfants adorent les identifications un peu radicales. Or, les parents ont trop tendance à vouloir séduire ; ils ne cherchent plus à éduquer".
Que faire quand les grands-parents veulent se substituer à l'éducation des parents ?
"Si c'est le cas, c'est que, sans doute, ces grands-parents ont raté beaucoup de choses dans l'éducation de leurs enfants. Pour eux, c'est comme s'ils avaient une deuxième chance de parentalité. C'est le moment pour leurs enfants de leur dire : "Tu fais tout cela pour ton petit-fils ou ta petite-fille mais tu ne l'as pas fait pour moi".
"Ne redouble pas ton rôle de parent". Pas facile à dire…
"J'en ai conscience, mais c'est la clé du débat. Le fils ou la fille doit pouvoir dire à son père ou sa mère : "Ne redouble pas ton rôle de parent. En tant que grand-parent, tu as une nouvelle mission".
Le rôle du grand-père vis-à-vis de ses petits-enfants est-il le même que celui de la grand-mère ?
"Non, sûrement pas. Je suis un féministe confirmé. Je suis à fond pour la parité… En même temps, pour ce type de question, il y a une part de "masculinisme" qui réapparaît chez moi. L'enfant se moque de l'égalité".
Est-ce bon qu'un grand-parent ait un enfant préféré ?
"Il n'y échappera pas. Il faut qu'il fasse attention à celui qu'il aime moins. Quelque part, je regrette de ne pas avoir été pédopsychiatre quand j'étais enfant car j'aurais aidé mon cousin".
Quelle doit être leur position quand un couple se sépare ?
"C'est une position terriblement difficile mais il faut qu'ils soient neutres. Il faut faire attention car les petits enfants vont surveiller les clans, les alliances et vous risquez d'accentuer le drame".
Quel grand-père souhaiteriez-vous être ?
"J'ai envie de dire que je vais être un parfait grand-père. Comme je ne le suis pas, je cours peu de risque à dire cela. J'aimerais l'emmener à la pêche, qu'il aime le rugby, la psychologie… J'aurais aimé être un grand-père qui n'a pas été pédopsychiatre. J'aimerais ne rien comprendre pour découvrir. Mais je suis sûr que je n'y arriverai pas".
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