Un déplacement au titre de la politique d'éducation mémorielle, avec le soutien de la Région Basse-Normandie, du Mémorial de Caen, du Mémorial de la Shoah, de l'Académie et de la Direction régionale des affaires culturelles.
Que retiendront-ils de cette journée ? La neige à perte de vue ? L'organisation, industrielle, de la Solution Finale ? L'entassement des cheveux, des chaussures, des valises de ces hommes, de ces femmes et de leurs enfants, dont la vie s'est brutalement arrêtée à Auschwitz ? Ou simplement l'horreur d'une époque qui n'a pas été la leur et qu'ils ont pourtant le devoir de transmettre ?
Mercredi 23 janvier, des Caennais des lycées Laplace et Malherbe et du CFA Promotrans, des Lexoviens du lycée Gambier, des Avranchinais du lycée Littré, des Coutançais du lycée Lebrun et des élèves du CFA BTP d'Alençon ont foulé la tristement célèbre terre d'Auschwitz, à quelques kilomètres seulement de Cracovie, où 69 000 juifs français furent déportés*, sur un total de 76 000.
La visite de ces jeunes Bas-Normands a été marquée par la présence de deux femmes, rescapées de l'horreur nazie.
Ginette Cherkasky, épouse Kolinka, n'avait que 19 ans lorsqu'elle a été raflée avec son père, son petit frère et son neveu. Elle seule survivra. Et prévient dans l'un des bus qui emmène le convoi à destination : "Vous ne sentirez pas l'odeur, vous ne verrez pas la saleté, vous n'entendrez pas les injures, vous n'imaginerez pas les coups. Mais à chaque pas que vous ferez là-bas, vous marcherez sur une tombe". A 88 ans, cette rescapée de l'horreur raconte : "A l'arrivée des trains, 80 à 90% des Juifs étaient immédiatement exterminés". Les autres étaient condamnés à travailler, affamés, humiliés. "Vous savez", raconte t-elle avec une sobriété déconcertante, "je ne suis pas une héroïne. Les résistants eux savaient les risques qu'ils prenaient. Moi j'ai été déportée seulement parce que j'étais juive. Si je suis marquée par la déportation ? Certainement. Je ne sais plus pleurer. Si je le veux, il me faut un oignon", s'amuse celle qui croisa à Auschwitz le chemin de Simone Jacob, qui deviendra la ministre Veil. "Je voudrais savoir comment cela s'est passé dans ses chambres à gaz. Si les enfants ont été séparés de leur mère. Chaque pierre a entendu quelque chose, vous savez".
Atteinte du typhus, ne pesant que 27 kilos quand elle retrouvera sa mère et ses sœurs (qui ont échappé aux rafles) à Paris , elle cachera toute sa vie le matricule qu'elle porte sur le bras et poursuivra son activité de commerçante non-sédentaire. "J'avais appris à être dehors par tous les temps grâce à Hitler..."
Esther Rosenthal, ancienne élève du lycée Littré d'Avranches, était elle bébé au moment de la déportation de ses proches. Cachée par des Justes, elle ne reverra jamais les membres de sa famille et apprendra à vivre avec le poids de l'Histoire.
Parmi les élèves aussi, une jeune fille du lycée Malherbe de Caen dont les aïeux ont été déportés à Auschwitz. Comme tous les autres participants à ce voyage, ils devront mener à bien leur projet pédagogique autour de ce voyage dont personne n'a pu revenir indemne.
* seulement 3 000 d'entre eux ont survécu à la Shoah. Au total, un 1,1 million de personnes ont perdu la vie à Auschwitz.
Après ce déplacement en Pologne, les élèves du lycée Littré d'Avranches retraceront la vie d'Esther Rosenthal. Bébé au moment de la déportation de ses proches, cachée par des Justes, elle ne reverra jamais les membres de sa famille. Les Avranchinais retraceront cette histoire lors de leur projet pédagogique. Esther Rosenthal n'a pas hésité à les suivre. Ecoutez-là.
150 lycéens de Basse-Normandie découvrent Auschwitz
Des élèves de terminal L du lycée Malherbe de Caen étaient présents. Ecoutez le récit croisé de Nicolas et Nanan, à l'issu de cette journée émouvante.
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25 jeunes gens du CFA BTP d'Alençon étaient présents Que retiendront-ils de ce voyage ? Qu'en feront-ils par la suite ? La réponse d'un élève, Valentin, et de son professeur Samuel Lopez
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Ginette Kolinka avait 19 ans quand elle a été déportée. Depuis 10 ans, elle témoigne sans relâche. Et revenir à Auschwitz, étrangement, ne lui fait pas mal ... Ecoutez la.
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