Vincent Duyck (notre photo de Une) contemple les trois pales qui battent la mesure à 80 mètres au-dessus de sa tête. La musique ininterrompue de l’éolienne plantée dans ses champs s’entend à 200 mètres à la ronde, voire 400 quand le vent la porte. Ici, à Chicheboville, comme sur les six autres parcs éoliens de la plaine de Caen à Airan, Conteville, Fierville, Frénouville et Garcelles, l’exploitant céréalier perçoit une indemnité annuelle proche de 2 000 € par mégawatt d’électricité produit.
Plus avantageux que les céréales
“Ce prix est un tarif moyen qui s’applique partout en France, conformément à celui établi par le syndicat France énergie éolienne”, précise François Charmy, exploitant des huit éoliennes de Chicheboville. “C’est plus une indemnité qu’un revenu, estime Vincent Duyck, mais c’est régulier puisque le contrat est établi sur plusieurs dizaines d’années”. Et le rendement purement pécunier au mètre carré d’une éolienne terrestre s’avère plus élevé que celui des céréales !
Chaque permis de construction accordé, doublé d’une autorisation de la Direction régionale de l’aménagement et du logement, octroie aux producteurs d’énergie un droit au rachat de l’électricité par EDF. Garanti pendant dix ans, le tarif se situe actuellement à 8,2 centimes d’euros le kilowatt. Avec une production annuelle de 27 gigawatts sur son parc de Chicheboville, François Charmy et sa société Saint-Laurent Energie réalisent ainsi un chiffre d’affaires de près de 2,2 millions d’euros.
Une “misère” pour les mairies
Par contre, les collectivités territoriales à l’origine de ces parcs éoliens commencent à déchanter quelque peu. “La première année, la taxe professionnelle liée à cette activité nous a rapporté 90 000 €, confie la maire de Frénouville Monique Paris. “L’an passé, la taxe professionnelle ayant disparu, nous n’avons reçu que 2 800 €, sachant que désormais la somme correspondant à l’Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux va en grande partie au Conseil général et aux communautés de communes”. Elle ne regrette pas l’implantation de ces turbines qui “participent activement à relever le challenge du développement durable”.
Les six éoliennes implantées à Frénouville sont celles qui se laissent le plus facilement apercevoir depuis l’autoroute A13 qui file vers la région parisienne. Ces turbines constituent l’un des sept parcs répertoriés dans un rayon de 20 kilomètres autour de Caen, qui se situent tous au sud-est de la capitale bas-normande. Les vents y atteignent régulièrement les 12m/s nécessaires pour faire tourner les pales. Surtout, l’habitat y est moins dense qu’au nord ou au sud de Caen.
Ces sept parcs construits entre 2006 et 2009, regroupent 42 éoliennes terrestres et représentent un tiers de la production bas-normande en la matière. Le développement de l’éolien en Basse-Normandie n’en demeure pas moins faible, en partie à cause de l’habitat plus diffus que dans certaines régions comme la Champagne-Ardenne ou la Bretagne.
Une réglementation pas toujours comprise
a réglementation permet à tout un chacun de se lancer dans la production d’électricité à l’aide d’éoliennes terrestres. Encore faut-il en avoir les moyens ! Les communes ou communautés de communes doivent demander la création d’une “Zone de développement éolien” sur leur territoire, par l’intermédiaire de la DREAL. Une fois la délimitation du secteur validée par le préfet, des développeurs peuvent solliciter les municipalités. Un permis de construire auprès de la mairie et une autorisation pour installation classée auprès de la Dreal, sont nécessaires.
“Les éoliennes de plus de 12 mètres doivent être installées à plus de 500 mètres d’une habitation, et espacées d’au moins 300 mètres entre elles”, précise Philippe Cottanceau, chef du service énergie et développement durable à la Dreal. Les éoliennes plus petites doivent respecter une distance de 20 mètres avec une habitation.
Repères
Maintenance > Les parcs éoliens du Calvados sont dirigés à distance. Pour exemple , le site de Chicheboville est piloté dans le Nord Cotentin.
Puissance > L’énergie produite par l’éolien terrestre en Basse-Normandie est de 232 mégawatt, ce qui représente 3,22 % de la puissance nationale.
CO2 > Les éoliennes terrestres sont accusées d’augmenter le CO2 car elles obligent EDF à faire appel aux centrales à gaz ou à charbon en cas de manque ou d’excès de vent.
Objectif > La France s’est engagée à remplir l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie d’ici à 2020, contre 13 % aujourd’hui.
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