A l’heure où le cumul de mandats politiques est au cœur des débats, il en est un autre qui passe presque inaperçu : celui qui touche les élus qui ont décidé d’associer vie publique et vie professionnelle. "Dans nos fonctions politiques, les gens oublient que l’on a aussi une "vraie" vie, et un travail", témoigne par exemple Marc Levilly, qui occupe tout à la fois un poste d’adjoint au maire de Caen, une vice-présidence à l’agglomération et dirige deux cabinets de conseil et d’expertise comptable entre autres.
Comme lui, ils sont une poignée d’élus à conserver un emploi, "pour garder un pied dans la réalité", "conserver une certaine liberté, une indépendance d’esprit et de finances". Quitte à travailler 60 heures par semaine. "Mon quotidien, c’est environ un temps plein pour la politique, et un mi-temps pour mon métier", explique Jean Notari, radiologue et maire adjoint à la Ville de Caen. "Je ne vois pas les jours, ni les mois passer", renchérit Rodolphe Thomas, conseiller général, maire d’Hérouville et responsable du garage créé par son père en 1967.
"Un engagement, pas un aboutissement"
Le temps de loisir, lui, s’efface. C’est tout juste si Eric Vève, avocat, président du syndicat de transports Viacités et également maire-adjoint, s’accorde chaque semaine une heure de course pour "relâcher les tensions". Pour la plupart de ces élus, cette liberté est même inexistante. "C’est un choix de vie, compensé par des moments vécus dans ces autres cadres. On arrive parfois à s’échapper", estime pour sa part Josette Travert, qui fut tour à tour directrice d’un IUT, présidente de l’université, recteur et conserve un mandat d'adjoint au maire tandis qu’elle a pris sa retraite de l’enseignement supérieur.
Surtout, les responsabilités politiques apportent "un éclairage différent sur les choses", si l’on en croit Sonia de La Provôté, conseillère générale et médecin du travail à temps partiel, pour qui "l’investissement politique est une véritable opportunité d’expérience. Plus qu’une entreprise, cela permet de faire avancer toute une communauté".
"Un prix à payer"
Pour cette mère de quatre enfants, qui aspire à prendre un jour les rênes de Caen, il est essentiel de dissocier ses différentes responsabilités, et de hiérarchiser : "Pour moi, les enfants sont la priorité des priorités. Il faut trouver du temps quand il y en a besoin". Un avis partagé par son opposant à la dernière course au Conseil général, Jean Notari, qui revendique "un équilibre personnel impossible sans une vie privée bien cloisonnée." "En bref, conclut Eric Vève, la vie politique n’est pas un aboutissement : c’est un engagement de plus. Mener plusieurs choses de front m’épanouit intellectuellement."
Tous voient dans ce cumul de "professions" un "défi". Mais pour le relever, "il y a un prix à payer", selon Marc Levilly. "Il y a forcément une usure : on s’émousse avec le temps." En cause, "le stress" et "les sacrifices" propres aux responsabilités politiques, qui apportent aussi des dommages collatéraux dans les "autres vies". Quand Rodolphe Thomas s’est lancé dans l’aventure, certains clients ne l’ont pas suivi : "Ca n’est pas pour rien si bien peu de commerçants s’engagent en politique. Et c’est certain que, par manque de disponibilité, le noyau familial en prend un coup. Malgré tout, la vie politique reste une bien belle expérience."
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