Quand Claude Lemire se met à faire virevolter ses doigts sur les touches rondes d’un accordéon italien, ses yeux bleus se perdent dans le lointain. Comme si la musette ou le tango dont les notes s’échappaient réveillait en lui une nostalgie secrète.
Dans son appartement de Oissel, le septuagénaire à la fine moustache a aménagé un émouvant mini-musée de l’accordéon. On y trouve quelques pièces rares, certaines du XIXe siècle, plongeant aux origines même de cet instrument, roi en Italie, en Allemagne et en France. Des vinyles par centaines, des cartes postales et des ouvrages, et même quelques cousins lointains du piano à bretelles, d’Inde ou d’ailleurs.
Sur scène à 13 ans
Il est discret, Claude Lemire. Ce n’est pas le genre d’homme à se mettre en avant. Et c’est peut-être ce qui aura manqué à cet ancien employé de Renault Cléon pour faire carrière dans la musique. "Je n’aime pas l’accordéon paillettes, ringard. Pourquoi l’avoir rendu vulgaire ?" peste-t-il contre ceux qui ont fondu l’objet dans une caricature kitsch. L’homme est un puriste, aime les virtuoses et ne cache pas son amitié avec Marcel Azzola, le célèbre accordéoniste de Jacques Brel.
Son histoire d’amour avec l’accordéon a débuté en 1946. Il avait 10 ans. Grâce à "un sacrifice" financier de ses parents, le jeune ossélien découvre son premier instrument. "J’ai fait mes premiers pas sur scène à 13 ans", raconte-t-il en feuilletant un carnet recensant tous les concerts de sa vie.
Musette, orchestres, jazz : en soixante ans, il aura touché à tout. Aujourd’hui, c’est dans un trio jazzy (Les Gangsters du swing), au côté de son fils Cédric, pianiste, qu’il poursuit son périple. Deux générations que seules des bretelles séparent.
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