Déjà, le 22 octobre dernier, une autre réunion exceptionnelle de la communauté urbaine d'Alençon avait permis d'injecter en urgence 25.000 euros, pour permettre à la salle des musiques actuelles de combler une partie des 178.000 euros de passif.
Il y avait une grande urgence.
La structure était en situation de cessation de paiement : un « trou » accumulé depuis mi-2009, essentiellement du à la hausse des frais de structure, liés à la nouvelle grande salle de concert.
Mais aussi à un nombre de concerts trop élevé, à des prix de vente notamment au bar : trop faibles, à des coût de fonctionnement trop élevés, mais aussi à un laxisme dans la comptabilité ; il s'est ainsi avéré qu'aucun expert comptable n'épluchait vraiment les comptes de la structure, malgré un budget annuel de l'ordre du million d'euros.
3 priorités.
Avoir la volonté d'aider La Luciole à sortir de sa mauvaise passe, est une chose. En assurer la pérennité en est une autre. Les financeurs de la Luciole avaient 3 priorités :
- Y voir plus clair sur la gestion, avec nomination d'un expert comptable.
- Trouver des solutions pour boucler la fin de cette année 2012.
- Envisager un redressement structurel.
Unanimité pour sauver La Luciole.
Etat, région, département, Communauté Urbaine, ville d'Alençon mettent tous la main au portefeuille du contribuable. « C'est une situation de crise sans précédent », explique le préfet de l'Orne. « d'où un effort financier supplémentaire » même si "ça n'a pas été évident à cette période de l'année ou chaque collectivité est en fin de budget, et dans une période de très forte tension budgétaire".
Néanmoins, les différents financeurs ont pris les engagements suivants :
Région Basse-Normandie :
15.000 euros/an sur 3 ans + 5000 euros/an pour les groupes régionaux + 50% de la subvention 2013 en avance remboursable.
Conseil Général de l'Orne :
5000 euros/an sur 3 ans + 10.000 euros d'avance remboursable.
CUA + Ville Alençon :
25.000 euros + 10.000 euros d'avance remboursable.
Etat (via la DRAC) :
5000 euros (la Drac surfinance déjà la Luciole par rapport aux autres Smac pour des raisons historiques).
Des exigences.
« On n'a plus les moyens d'arroser le sable » ; l'expression du préfet est certes imagée, mais elle résume bien la situation : si chacun est prêt à un effort, il s'agit que la Luciole aille désormais dans le droit chemin.
Et le droit chemin sera celui que lui dicteront ses financeurs.
Outre la nomination d'un expert comptable, les financeurs examineront les comptes de la Luciole tous les trimestres. Voire tous les mois, avec une exigence de gestion maitrisée. « Le déficit ne peut plus être considéré comme un moyen de gestion » explique le préfet.
Mais le directeur de la Drac va plus loin. Pour lui, les arbitrages artistiques doivent être plus pointus : « il faut un meilleur équilibrage entre les têtes d'affiches, les groupes régionaux, et il faut un vrai travail, certes difficile, de détection des groupes émergents. L'émergence est la raison d'être des Smac (salle des musiques actuelles).».
L'équipe dirigeante de la Luciole devra aussi créeer 2 événements :
L'un dès le début 2013, événement de « soutien » à La Luciole.
L'autre au printemps 2013, qui devra être ambitieux, mobilisateur, récurrent, pour attirer les mécènes.
Dernière chance.
La Luciole a 3 ans pour retrouver l'équilibre financier. C'est un énorme chantier qui débute.
Les fonctions artistique et comptable vont être dissociées.
Le président de l'association sera désormais entouré d'un directeur artistique (Loïc Lecomte) mais aussi d'un directeur administratif ; « il faut un renforcement réel de la fonction administrative de pilotage financier » martèle le préfet « avec des comptes fiables et réguliers ».
Une révolution ?
Conséquence de cette réorganisation pour le public:
Moins de concerts, une cinquantaine par an.
Une programmation déjà annoncée qui risque de connaître quelques modifications.
Une possible hausse (très minime) des prix des places, et des consommations.
Et une vraie organisation d'entreprise, sans vivre au dessus de ses moyens, pour permettre la réalisation de l'objet culturel du lieu.
Ecoutez ci-dessous le préfet de l'Orne:
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.