Pionnière dans la formation au septième art après-guerre, la ville aux cent clochers a engendré une liste stupéfiante de talents, aujourd’hui en pleine force de l’âge. Les fruits d’une discrète mais solide "filière rouennaise".
On citera volontiers les réalisateurs Claude Duty, figure incontournable du court-métrage et réalisateur de trois "longs", dont l’un sortira courant 2013 (Chez nous c’est trois), ou Bruno Chiche (Barnie et ses petites contrariétés). Mais ils ne forment que la pointe imergée d’un iceberg qui a grandi grâce au rayonnement d’Archimède-Films et des formations cinéma du lycée Corneille (lire ci-dessous).
La bande de Rouennais
A 50 ans, Rémy Chevrin est l’un des directeurs de la photographie les plus talentueux de sa génération. Fils de Jean Chevrin, professeur d’art dramatique de renom ayant profondément marqué de son empreinte le Conservatoire de Rouen, il a signé la photo de grands succès récents : Les bien-aimés, Nos jours heureux, Vas, vis et deviens, Ma femme est une actrice...
"Il existe une vraie bande rouennaise dans le cinéma français", confirme-t-il. "Entre les comédiens passés par le conservatoire, les troupes locales des années 60 et 80 et les techniciens ayant fréquenté le lycée Corneille, cela a créé un groupe qui ne s’est jamais vraiment perdu".
Formé à l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière à l’instar de Rémy Chevrin, Damien Morisot est un autre directeur de la photo (15 Août) qui compte à Paris, tout comme Martin Legrand (Le Ciel, les oiseaux et... ta mère !).
Une ville de cinéphile
Mais la "Rouen connection" se retrouve partout. On mentionnera les scénaristes Christian Clères ou Jean-Philippe Barrau, l’avocat spécialisé en cinéma Hubert Caillard, co-producteur de succès immenses tels que Polisse, Intouchables ou The Artist, Delphine Lemoine, réalisatrice de plusieurs épisodes de la série Plus belle la vie, Ingrid Gogny, productrice-réalisatrice de documentaires et de courts métrages, ou encore le producteur Antoine Martin.La liste est loin d’être exhaustive.
"Les initiatives de Jean-Claude Guézennec et du lycée Corneille, puis de l’IRIS et du Pôle image Haute-Normandie (lire ci-dessous), ont créé un terreau, une dynamique", analyse Claude Duty. "Le public l’ignore, mais il existe un creuset rouennais". On retrouve ainsi du "made in Rouen" chez Canal + ou dans la publicité. "Avec ses salles, ses festivals, ses associations, c’est une ville de cinéphiles". Mais pionnière il y a trente ans, la Haute-Normandie est-elle toujours une terre de talents ? "Il existe encore une dynamique importante", estime Nùria Rodriguez, responsable du département cinéma et audiovisuel du Pôle image. "Le lycée Corneille conserve une excellente réputation et le Pôle image, même s’il n’est pas le mieux doté financièrement en France, a une force historique. Il reste très connu et innove".
Thomas Blachère
Acteurs. De nombreux comédiens se sont formés à Rouen : Annie Duperey, Philippe Torreton, Valérie Lemercier, Virginie Lemoine, Karin Viard, Bruno Putzulu, Franck Dubosc, Rufus, Olivier Saladin...
Archimède. L’association présidée par Jean-Claude Guézennec (lire ci-dessous) continue à produire des films, tournés par des jeunes, notamment des films de prévention pour le compte de la gendarmerie.
Bienvenue. Depuis peu, deux réalisateurs ont choisi Rouen pour vivre : le jeune Stéphane Cazes, auteur d’Ombline avec Mélanie Thierry, et Manuel Poirier, connu notamment pour Western (1997).
Pôle image. Financé par le Conseil régional, il est l’une des rares structures régionales à regrouper le soutien au monde professionnel, l’éducation à l’image, la photographie et la mémoire visuelle.
Tout à débuté au lycée Corneille
A 83 ans, Jean-Claude Guézennec préside l’association d’éducation et de formation à l’image Archimède-Films avec la même passion qu’à sa création, il y a 53 ans.
En 1958, ce jeune professeur de lettres au lycée Corneille, passionné de cinéma, propose à ses élèves de créer un film. Le début d’une aventure incroyable. "Tous étaient motivés", se souvient-il. Dans la foulée, un ciné-club voit le jour, puis Archimède-Films. En 1968, Jean-Claude Guézennec organise à Rouen les premières Rencontres du jeune cinéma, avec un certain... Claude Duty. Le succès est total, national.
Ses initiatives séduisent et aboutissent, dans les années 70 puis 80, à la naissance d’options cinéma dans plusieurs lycées français, dont Corneille, toujours précurseur. "Tout se développait tellement qu’il a fallu créer une structure professionnelle régionale". L’Iris (Institut Régional de l’Image et du Son) naît en 1986, englobée plus tard, en 2001, dans le Pôle image.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.